En graphiques. Le vin rouge fribourgeois coule à flots, et voici pourquoi
En 2023, 3866 hectolitres de vin rouge fribourgeois ont été écoulés, un record en presque quinze ans. Comment expliquer un tel succès dans une région davantage connue pour ses blancs, et surtout pour son chasselas? Explications.
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3 octobre 2024 à 12:33
Excellente année 2023 pour les vins rouges fribourgeois avec 3866 hectolitres écoulés, soit 1700 de plus que lors de l’exercice précédent. Selon les dernières statistiques de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), il faut remonter à 2010 pour retrouver un tel succès. Ces chiffres s’expliquent principalement par de fructueuses vendanges 2022 ayant permis de récolter plus de 426 000 kilos de raisins rouges, soit presque 28% de plus que la moyenne des dix années précédentes. Et les récoltes 2023 sont même encore meilleures (429 000 kilos de raisin rouge), selon des données fournies par Grangeneuve, centre de compétences pluridisciplinaires du canton de Fribourg, notamment pour les métiers de la terre et de la nature. A noter que la consommation totale de vin correspond à la différence entre les stocks au début de l’année et les stocks à la fin de l’année, à laquelle s’ajoute le volume de la vendange.
Conseiller scientifique et responsable des questions viticoles à Grangeneuve, David Aeschlimann observe par ailleurs: «Nous constatons chez les vignerons une volonté de se démarquer avec des produits haut de gamme. Ces quatre ou cinq dernières années, une partie de la production a ainsi été réservée pour de l’élevage en fût ou en barrique. Et ces stocks de vin vieillis ont ensuite été consommés de manière décalée, notamment en 2023, ce qui influe sur les statistiques.» Autre facteur: l’évolution du marché. «Nous suivons tout simplement la tendance. Il y a en effet de plus en plus de gens qui s’intéressent aux vins rouges. En outre, le rosé, qui dans les quotas est comptabilisé comme du vin rouge, revient également à la mode», souligne Joanna Rouiller, directrice de l’Interprofession des vins du Vully, qui réunit 24 caves à cheval entre les cantons de Fribourg et Vaud.
Une charte de qualité
Elle tient toutefois à préciser: «Ce que nous vendons le plus, cela reste le vin blanc. Nous sommes notamment une région qui fait beaucoup de chasselas, et qui le fait bien, avec un terroir qui s’y prête particulièrement. Cela reste le cépage emblématique.» Dans le canton de Fribourg, 56% des surfaces de vignes sont aujourd’hui dédiées au vin blanc, contre 58% il y a dix ans et 74% au début du millénaire. Quant au chasselas, il occupe désormais 34% du total des surfaces, alors qu’il représentait encore près de 42% des vignobles du canton en 2014, selon l’OFAG. Le cépage star a notamment laissé place à différentes spécialités permettant de diversifier l’offre et de mieux s’adapter aux changements climatiques. Cette année, le Vully fête d’ailleurs les dix ans de la signature d’une charte de qualité pour deux de ses spécialités blanches: le Freiburger et le Traminer. Plusieurs événements sont prévus dans ce cadre jusqu’à l’été prochain.
De manière générale, les vins fribourgeois s’écoulent très bien outre-Sarine. «Le Vully bénéficie d’une situation touristique privilégiée. C’est le premier vignoble que les visiteurs voient en arrivant depuis Berne. De plus, en comparaison romande, le Vully est l’une des régions qui vend le plus souvent de manière directe à la cave, une proximité qui constitue un réel atout», remarque David Aeschlimann. Joanna Rouiller ajoute: «Il y a aussi beaucoup d’Alémaniques qui ont des résidences secondaires au bord du lac de Morat, et qui ramènent ensuite du vin fribourgeois chez eux, contribuant à faire connaître nos produits.»
Les vins du Vully et de la région de Cheyres sont également très prisés des Fribourgeois eux-mêmes. «Il y a vingt ans, un restaurant de Fribourg ne proposait pas forcément de bouteilles de Vully sur sa carte. Aujourd’hui, il y a une vraie tendance à vouloir consommer des produits locaux, notamment pour des raisons écologiques. Les viticulteurs, avec les différents partenaires comme Terroir Fribourg, ont également fait un gros travail de promotion dans le canton», relève encore David Aeschlimann. Autre débouché: les Trois-Lacs. «Nous avons une bonne entente avec Neuchâtel et Bienne, il y a beaucoup de gens qui circulent entre ces trois régions», indique Joanna Rouiller.