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Gastronomie

Le whisky suisse fête ses 20 ans

Les céréales, l'eau pure des Alpes, la passion des alambics... et tout un savoir-faire helvétique


 Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

28 décembre 2020 à 13:43

Explorations » «Chez nous, de l'orge, on en a. La qualité de l'eau de source, on l'a. La distillation, on maîtrise... alors, pourquoi ne pas produire du whisky suisse?» Nous sommes à Ardon (Valais), ce petit village s'étendant au pied des magnifiques vignobles des Coteaux du Soleil. Grand, corpulent et débonnaire, Alex Delaloye nous accueille dans sa Maison les Vignettes, entre belles pierres apparentes, caves voutées et rangées de tonneaux: «Ici, on est dans une ancienne habitation avec la cuisine, l'écurie... La grange était au-dessus». Sitôt installés, l'homme rappelle avec humour et gourmandise ses premiers pas dans la confection d'un whisky de qualité. Du 100% Swiss made, unique en son genre! Jusqu'au tournant de l’an 2000, impossible d'en fabriquer ni de le commercialiser officiellement: il a fallu attendre la levée officielle de l’interdiction par la Confédération helvétique de distiller des eau-de-vie de céréales, décidée en 1999 puis entrée en vigueur en 2001.

Un amoureux du terroir

Passionné par les plantes, l'environnement et le patrimoine, Alex Delaloye fait partie de ces quelques pionniers qui, flairant l'aubaine et le malt, n’ont pas attendu cette date pour expérimenter certaines choses. «Le whisky, c'est au départ les mêmes bases que la bière», résume ce Valaisan un peu frondeur, passé par différentes professions, toujours en lien avec le terroir. D'une voix posée, il raconte une de ses premières tentatives... menée à partir de centaines de litres de bière locale. Une des principales difficultés avait été le transport. «Le chargement avait été un peu secoué sur la route. Résultat, en arrivant à la distillerie, ça moussait et ça débordait de partout!».

«L’avantage par rapport au vin, c’est qu’on peut laisser le whisky vieillir»

Alex Delaloye

Expérimentation, fermentation, distillation: voilà pour le B.A.-ba. Ajoutez à cela de la curiosité pour les secrets de dame Nature. Car Alex Delaloye est aussi viticulteur, «à la suite d'un héritage» du côté de la famille de son épouse. Depuis sa belle cave — «ampélographique», précise-t-il, c'est-à-dire spécialisée sur l'étude de la vigne — il n'a cessé de développer ses recherches «sur quarante-quatre cépages locaux et mondiaux». Il en a même introduits certains dans cette plaine valaisanne, au climat méditerranéen, il y a trente ans: « Syrah, Cabernet... on nous prenait pour des tordus», rigole l'intéressé. Le milieu le regardait d'un drôle d'oeil. «Cela faisait un moment qu'on me disait que je faisais des trucs bizarres, avec ces nouveaux cépages. Alors quand j'ai commencé à faire du whisky, ça n'a surpris personne», s'amuse-t-il.

Passions celtiques

Pour Alex Delaloye, la passion du whisky débute un peu par hasard, au détour de visites organisées gastronomiques en Europe. «Une fois, je me suis retrouvé assis tout seul à une table avec des Fribourgeois qui ne connaissaient rien au whisky. On s'est mis à tenter de le déguster comme pour le vin: vue, odorat, goût... on a été bien inspirés, c'est exactement ce qu'il faut faire!» Il se prend de passion pour l'Ecosse et les traditions celtiques, s'y rend chaque année, est vite adopté sur place, finit par danser en kilt après quelques rasades suivant l'interjection «slainthe!» («santé», en gaélique, qui engage « à boire son premier verre cul sec puis à le poser à l'envers sur sa tête, pour montrer que tout à été bu jusqu'à la dernière goutte»), se fait adouber en grande tenue et devient membre de confréries et gardien des traditions...

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