Grand Conseil. Pas de cartes de paiement spéciales pour les requérants
Les députés fribourgeois ne veulent pas contrôler la manière dont les requérants d’asile utilisent l’aide financière qui leur est octroyée. Ils ont rejeté vendredi une motion demandant d’introduire une carte de paiement pour eux.
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Charly Rappo - archive/prétexte
ATS
20 décembre 2024 à 10:23
La motion a été refusée par 61 voix contre 38 et 1 abstention. Portée par les députés UDC Eric Barras et PLR Benoît Glasson, elle n’a pas non plus reçu le soutien du Conseil d’Etat, représenté par Philippe Demierre. PS, Verts et alliés ainsi que Le Centre l’ont rejeté également. Selon eux, les risques de détournement sont mineurs.
Engager des «efforts considérables» pour un effet «insignifiant», a souligné le député centriste Bertrand Morel. Sa collègue PS Pascale Michel a rappelé que l’on parlait d’un montant «dérisoire» de 9,40 francs par jour et par requérant. «Créer plus de paperasses pour des résultats hypothétiques», a ajouté le PLR Savio Michellod.
Transferts d’argent
De plus, la motion jette la suspicion sur une population «fragile», a noté encore l’élu veveysan. Le texte proposait de leur remettre des cartes de paiement pour des commerces locaux. Deux cas de figure existent dans le canton. Dans la première phase d’accueil, les requérants reçoivent l’aide matérielle en espèces dans les foyers.
Leur statut n’étant pas encore assez clair pour obtenir un titre de séjour, ils ne peuvent pas ouvrir de compte bancaire. Lors de la deuxième phase, qui comprend notamment le passage en logement individuel, les bénéficiaires sont invités à ouvrir un compte à la Banque cantonale de Fribourg (BCF).
«Leur budget d’assistance est versé par virement bancaire mensuel», a expliqué le Conseil d’Etat. Pour les motionnaires, une carte de paiement éviterait les transferts d’argent vers les pays d’origine. Le système permettrait aussi de «lutter contre la criminalité des passeurs et réduire les incitations à la migration illégale».
Lutte contre les passeurs
Les deux députés auraient souhaité empêcher «que des prestations financières puissent être transmises à des bandes de passeurs ou que des tiers soient cofinancés dans les pays d’origine avec le soutien de l’Etat». Selon le Conseil d’Etat, les bénéficiaires sont libres de dépenser ces sommes comme ils l’entendent.
Pour l’exécutif, c’est une façon de les inciter à devenir autonomes. «La carte déroge à ces principes, car elle contraint et limite les bénéficiaires dans la gestion de leurs ressources», relève sa réponse. Par ailleurs, le Conseil fédéral a rejeté une telle proposition, de même que certains cantons, dont le Jura récemment.