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Politique cantonale

Réponse au Grand Conseil. Le Conseil d’Etat s’oppose aux cartes de paiement pour les requérants d’asile

Le Conseil d’Etat n’entend pas contrôler la manière dont les requérants utilisent l’aide matérielle qui leur est allouée. Il propose de rejeter une motion à ce sujet.

Selon les motionnaires, l’instauration de cette mesure visait surtout à empêcher le détournement de l’aide sociale pour alimenter l’économie du pays d’origine des requérants.Charles Ellena

Mélina Fritsch

Mélina Fritsch

Aujourd’hui à 10:15, mis à jour à 10:55

Temps de lecture : 2 min

Le Conseil d’Etat ne veut pas limiter l’accès à l’aide matérielle allouée aux requérants. Déposée par les députés Eric Barras (udc, Châtel-sur-Montsalvens) et Benoît Glasson (plr, Sorens), la motion visant à leur mettre à disposition uniquement des cartes de paiement pour certains commerces est ainsi reçue négativement par le Conseil d’Etat fribourgeois. Le Grand Conseil tranchera.

Deux cas de figure existent actuellement dans le canton. Dans la première phase d’accueil, les requérants reçoivent l’aide matérielle en espèces dans les foyers. Leur statut n’étant pas encore assez clair pour obtenir un titre de séjour, ils ne peuvent pas ouvrir de compte bancaire. Lors de la deuxième phase, qui comprend notamment le passage en logement individuel, les bénéficiaires sont invités à ouvrir un compte à la Banque cantonale de Fribourg (BCF). «Leur budget d’assistance est versé mensuellement par virement bancaire», explique le Conseil d’Etat.

Pour les motionnaires, ce système permettrait aussi de «lutter contre la criminalité des passeurs et réduire les incitations à la migration illégale»

Pour les députés Eric Barras et Benoît Glasson, une carte de paiement éviterait les transferts d’argent vers les pays d’origine des requérants. Ce système permettrait aussi de «lutter contre la criminalité des passeurs et réduire les incitations à la migration illégale». Ils souhaitent empêcher «que des prestations financières puissent être transmises à des bandes de passeurs ou que des tiers soient cofinancés dans les pays d’origine avec le soutien de l’Etat». Par ailleurs, leur utilisation étant limitée géographiquement parlant, elles auraient aussi permis de cantonner les dépenses des requérants dans les commerces locaux.

Or selon le Conseil d’Etat, les bénéficiaires sont libres de dépenser ces sommes comme ils le souhaitent. C’est une manière de les inciter à devenir autonomes. «La carte de paiement déroge à ces principes car elle contraint et limite les bénéficiaires dans la gestion de leurs ressources», écrit-il dans sa réponse. Il relève par ailleurs que le Conseil fédéral a déjà rejeté une telle proposition, de même que certains cantons.