Economie. Agroscope, un atout de taille pour le canton de Fribourg
Les futurs laboratoires spécialisés du site Agroscope à Posieux représentent un enjeu stratégique. Pour le canton, mais aussi au niveau fédéral. Livraison prévue fin 2025.
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Gilles Labarthe
3 octobre 2024 à 00:00, mis à jour le 12 octobre 2024 à 07:30
Le futur site Agroscope de Grangeneuve sera moins important que prévu à l’origine, mais reste un projet d’envergure nationale. Et un atout de taille pour le canton de Fribourg, comme pôle de recherche spécialisée dans l’agriculture et l’agroalimentaire.
Si le scénario initial a été revu à la baisse, c’est essentiellement en raison de tensions avec d’autres cantons, désireux de conserver des volets de recherches spécifiques. L’ex-député bâlois et actuel conseiller fédéral Beat Jans s’y était opposé dès 2018. De son côté, le Valais a défendu ses pôles de compétences autour de la production fruitière. Pour Vaud, il a été dit que cela faisait doublon avec le nouveau site de Changins, au risque de mettre à mal la spécialisation dans le domaine viticole. N’en demeure pas moins que ce redéploiement profite au site de Posieux.
Conseiller d’Etat chargé de la Direction du développement territorial, des infrastructures, de la mobilité et de l’environnement (DIME), Jean-François Steiert fait le point sur ce projet de grande ampleur.
Où en est le chantier d’Agroscope?
Jean-François Steiert: Le gros œuvre a été terminé à la mi-mai, nous en sommes à la phase du second œuvre, relativement complexe, avec des laboratoires et différentes installations de sécurité. Le chantier devrait se poursuivre jusqu’à l’automne 2025.
Et le coût total?
Nous avons en principe un coût total du projet fixé à 140 millions de francs, dont 128 millions pour l’Etat de Fribourg, couvrant le gros œuvre, le second œuvre et les installations techniques. L’Office fédéral des constructions et de la logistique participe à hauteur de 8 millions au coût de base, et Agroscope, de 4,2 millions, pour des aménagements intérieurs.
Pourquoi ce site est-il si important pour Fribourg?
Il est d’abord important au niveau national, parce qu’il permet de rendre plus efficace l’organisation des différentes entités de recherche dans le domaine agricole et de la Confédération. Pour Fribourg, évidemment, le fait d’être le lieu central de cette institution de recherche menant des travaux pointus, avec les emplois qui vont avec, mais aussi les effets sur l’économie, les attraits pour les entreprises qui travaillent dans ces thématiques, est extrêmement positif. Tout cela – ajouté à la proximité de l’Institut agricole de Grangeneuve – permet de créer un pôle qui concerne à la fois la recherche, le développement, attire des chercheurs et des start-up, intéressés à venir se greffer sur ce système.
Le site va-t-il attirer des acteurs du secteur privé?
Oui, un des intérêts est d’attirer des acteurs privés. Pour Fribourg, l’agriculture joue un rôle central, autant par la production que par les entreprises de transformation. Et pour le Conseil d’Etat, le fait de voir se développer le «Campus Grangeneuve Agroscope» comme centre de compétences suisse en matière d’agriculture mais aussi de production agroalimentaire, qui a un rayonnement international, c’est évidemment un attrait intéressant. Avec le projet en cours, le fait de passer de 140 à 450 employés signifie qu’Agroscope triple sa présence.
Des entreprises ont-elles déjà marqué leur intérêt?
Nous recevons les premières demandes, notamment sur le site de Saint-Aubin et dans le cadre de Micarna (grand projet du groupe Migros, qui prévoit de construire un gigantesque abattoir de volailles sur le Swiss Campus for Agri & Food Innovation-AgriCo, projet très contesté par des ONG de défense de l’environnement et des animaux, ndlr), qui n’est pas directement lié à Agroscope mais fait partie de la même stratégie. De petites entreprises s’y sont installées, toutes plus ou moins liées à l’agroalimentaire.
Le projet initial a été redimensionné à la baisse. Un regret?
En effet, au début, le projet allait encore plus loin dans la concentration des activités, avec un bâtiment de 11 000 mètres carrés prévus, dont 4000 pour des locaux plutôt administratifs. Après des débats parlementaires où chacune des régions concernées a fait valoir ses atouts – cela fait partie du processus démocratique – nous avons néanmoins comme résultat un pôle très fort à Fribourg, dans une approche de concentration et d’efficacité dans la gestion des ressources, et d’autres pôles conservés dans différentes régions. Le projet Agroscope de Grangeneuve Posieux est focalisé aujourd’hui sur les activités de laboratoire, dont un labo de type BSL-3, de très haute sécurité, avec des installations complexes de sécurisation.
Quelles retombées attendez-vous pour le canton de Fribourg?
C’est vraiment une très belle occasion pour Fribourg. Le Conseil d’Etat et le Grand Conseil ont été prêts à investir dans ce projet, car nous sommes persuadés qu’un investissement dans la recherche et la formation est générateur d’emplois, de qualité, avec des compétences qui serviront au canton. Cela fait partie de la stratégie visant à améliorer notre capacité économique. Ce très grand site nous permettra de devenir intéressants, aussi au niveau d’échanges internationaux et d’emplois qualifiés.