Pierre Voélin, Fribourg
11 novembre 2024 à 00:00
On l’a dit, et depuis longtemps, les Américains sont de grands enfants – non sans une bonne dose de condescendance chez les parents européens, ces vieux croulants – et ma foi oui, ils le sont, l’actualité aux States nous en délivre une fois encore la preuve.
Voyons ce qu’il s’est passé de l’autre côté de l’Atlantique en matière de sondage avant une élection qui s’annonçait historique et qui le fut, il faut en croire le ban et l’arrière-ban des commentateurs. Jusqu’à l’extrême fin du processus préélectoral, les instituts de sondage donnaient le marlou Donald Trump (xénophobe, raciste, misogyne, j’en passe et des meilleurs parmi l’éventail de ses qualités) et Kamala Harris, l’adversaire du camp démocrate, quasi à égalité dans les intentions de vote.
Et d’examiner le vote de chaque minorité composant ce pays aux ethnies bariolées pour connaître l’étiage, soit, le rapport de force entre les deux camps. Et les sondeurs, et les journalistes de nous inquiéter: quel malheur menaçait si le candidat républicain venait à gagner cette compétition, en sus des centaines de millions! La chienlit partout, une révolution en jeu.
Mais les Américains ne l’entendent pas de cette oreille: quand on leur demande si c’est une corneille qui s’avance sur le toit, là, devant eux, ils en conviennent assez volontiers, ils voteront pour elle, mais dans leur for intérieur ils savent bien que c’est une cigogne, et qu’ils voteront pour cet échassier-là, aucun autre. Très heureux de la farce qu’ils nous jouent, au soir de l’élection, on entend s’élever au-dessus des urnes un rire si fin et si drôle qu’on leur pardonne volontiers ce tour de passe-passe, cet attrape-nigaud.