Ivan Nemitz, Estavayer-le-Lac
15 octobre 2024 à 14:48
Comme d’autres, les Russes sont-ils un peuple martyrisé? En considérant l’histoire de la Russie, on ne peut répondre que oui. Ce n’est qu’en 1861 que le servage y a été aboli alors qu’en France, il l’avait déjà été en 1779 par Louis XVI. En 1881, Alexandre III fonda sa redoutable police politique secrète, ancêtre de l’actuel FSB, éliminant et déportant en Sibérie des centaines d’opposants.
Après la Révolution bolchevique de 1917, ce sont des centaines de milliers de Russes qui ont été sommairement exécutés par la Tchéka du sanguinaire Félix Dzerjinski. A ces massacres de masse, nous ajoutons les milliers de soldats russes tués durant la Première Guerre mondiale et la guerre civile qui suivit, opposant Blancs et Rouges. Sous Staline de 1924 à 1953 et pendant la Grande Guerre patriotique de 1941-1945, ce sont plusieurs millions de Russes, hommes, femmes et enfants qui sont morts sur le champ de bataille et au goulag.
En décembre 1991, la disparition de l’URSS a provoqué un terrible appauvrissement du peuple russe, contraint de survivre d’expédients et de bons de rationnement (cf. La Fin de l’homme rouge, de Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de littérature 2015). Enfin, depuis le 24 février 2022, combien de jeunes Russes sont-ils morts dans cette «opération spéciale» ou guerre fratricide? Mystère! Certainement des dizaines de milliers.
Dès lors, nous ne pouvons qu’être admiratifs de ce peuple qui, tout au long de son histoire, a fait preuve d’une extraordinaire résilience face à tant d’adversité et au mépris de ses gouvernants successifs pour la vie humaine.