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Hockey sur glace

Philippe Furrer, héros dans la nuit

Gottéron bat Lausanne 3-2 dans la 3e prolongation grâce à son défenseur auteur d’un geste d’attaquant


Patricia Morand/François Rossier

Patricia Morand/François Rossier

30 mars 2022 à 05:26

» A titre exceptionnel et parce que nos délais d'impression ne nous ont pas permis de le faire figurer dans notre édition papier, cet article est publié en libre accès.

Hockey sur glace » Deux Dragons se dépêchent de sortir de la zone lausannoise, leur tentative d’attaque ayant échoué. Ils pensent au repli défensif, mais leur effort aura une autre conséquence. Il permettra à Philippe Furrer, qui a récupéré la rondelle dans la zone neutre, d’entrer à pleine vitesse dans le camp adverse avec le contrôle de la rondelle sans hors-jeu. Le défenseur élimine un adversaire d’une feinte et se présente face à Luca Boltshauser qu’il bat entre les jambes. Il est 00h24 ce mercredi 30 mars et le but décisif tombe après 104’58 de jeu au début de la troisième prolongation! Une première historique pour Gottéron, mais pas un record national: en mars 2019, Arcobello avait délivré le CP Berne contre Genève (3-2) en marquant après 117’43 de jeu.

Philippe Furrer, le vétéran de Gottéron (37 ans en juin), a été le héros de cette folle nuit qui a commencé mardi soir sur le coup de 20h avec un départ idéal des Fribourgeois qui ont pris deux longueurs d’avance en 36 secondes grâce à deux buts de manuel à 5 contre 3, puis à 5 contre 4. Mais la suite n’a pas été un long fleuve tranquille pour les hommes de Christian Dubé qui ont levé le pied. Les Vaudois, qui n’en demandaient pas tant, en ont profité. «Je n’ai pas aimé ce qui s’est passé après le 2-0», admet le technicien québécois. «Nous aurions dû marquer le 3-0. Nous n’avons pas eu l’instinct de tueur requis.»

Jusqu’à ce geste...

Les Dragons ont tremblé, comme leurs supporters, mais les Dragons n’ont pas craqué. Ils ont effacé des pénalités, mettant encore un peu plus de doute sous les casques des Lions lémaniques toujours aussi empruntés en supériorité numérique. Ils ont également galvaudé un nombre incalculable d’occasions, notamment à la fin du temps réglementaire (par Schmid et Marchon) ou dans l’une ou l’autre des prolongations.

Jusqu’à ce geste de Philippe Furrer, dont la retraite est annoncée, qui restera dans les annales. Le défenseur raconte: «Je me suis d’abord dit que j’allais faire une feinte (ce qui lui a permis de mystifier Genazzi, ndlr). Et puis, j’étais persuadé que Bolsthauser pensait que j’allais tirer en haut à gauche. Je me suis dit qu’il allait donc écarter les jambes et j’en ai profité...» Cela paraît si simple.

Le rôle de l’adrénaline

Philippe Furrer n’a pas seulement marqué le but de la victoire fribourgeoise ce mardi soir. Il a aussi permis aux siens de conserver l’avantage de la glace. «C’est agréable de pouvoir aider l’équipe», commente-t-il. «Les play-off, c’est mon truc! Dans les prolongations, il suffit d’une action pour faire la différence. Et puis, il y a tellement d’adrénaline que je ne suis pas fatigué», assure-t-il.

«Je pense que cette série est partie pour durer»
Julien Sprunger

Les joueurs des deux formations avaient les jambes de plus en plus lourdes au fil des prolongations. La journée de ce mercredi ne sera pas de trop pour se reposer et récupérer. «Nous avons quasiment joué deux matches d’affilée. Après avoir dépensé autant d’énergie, c’était un soulagement de pouvoir l’emporter», avoue Julien Sprunger. «Je pense que cette série est partie pour durer», assure le capitaine.

Christian Dubé avouait être aussi fatigué que les joueurs des deux camps: «Il y a eu beaucoup d’émotions dans les deux équipes. Tout le monde mérite des félicitations. Certains gars ont eu 40 à 45 minutes de temps de jeu. C’est incroyable.» Les pauses ont permis de soulager un peu les corps, mais aussi de rester concentrés. «Je n’ai cessé de dire à mes gars qu’il fallait rester sur des choses simples. Et sur le banc, j’essayais de les booster en leur demandant si je pouvais les aider.» Et d’apprécier: «D’habitude, un but de raccroc décide de l’issue de la rencontre dans ce genre de prolongations. Là, ce n’est pas le cas. Phil (Furrer, ndlr) a été extraordinaire.» 

Les Dragons pensent déjà à l’acte IV, jeudi dans la capitale olympique. «Nous avons pratiquement joué deux matches en un ce soir. A nous de bien récupérer... Mais ce sera sans doute un poil plus facile pour nous qui avons vu le puck tomber du bon côté», reconnaît Christian Dubé. «C’est peut-être dommage qu’une équipe perde un tel match, mais c’est mieux que la décision se fasse ainsi plutôt qu’aux tirs au but», conclut-il.


Coups par coups

Coup de sac

Sacré Chris DiDomenico! On ne cesse de l’écrire, l’ailier canadien détient une bonne partie du sort de ce quart de finale entre ses mains. Ou sous son casque. Ce mardi soir, «DiDo» a fait du «DiDo». Passeur parfait sur l’ouverture du score de Sprunger, il a inscrit le 2-0 sur un superbe service de Desharnais. Mine de rien, cela lui fait déjà 5 points en 3 matches. Il retrouvera donc dès jeudi la tunique de topscorer qu’il a portée quasiment toute la saison. Mais le No 88 des Dragons n’a pas que des bons côtés. Ce mardi, le Canadien a failli coûter très cher à son équipe lors de la 1re prolongation. «DiDo» a pété les plombs pour un… hors-jeu! Mais sa pénalité pour comportement antisportif n’a pas porté à conséquence. Et les fans de pousser un ouf de soulagement… FR

Coup double

L’antre des Dragons affichait complet pour la dixième fois de la saison ce mardi soir. Avec 8934 spectateurs, Gottéron a joué même pour la quatrième fois consécutive dans ses murs à guichets fermés. Et cela va continuer. Les 2000 billets mis en vente pour l’acte V de ce quart de finale 100% romand - samedi - ont tous trouvé preneurs en vingt minutes chrono. Ce n’est donc désormais que du bonus pour le club fribourgeois qui avait établi son budget avec seulement deux rencontres de play-off à domicile. Une chose reste à améliorer pour satisfaire le client et augmenter le chiffre d’affaires: la fluidité devant les différents débits de boissons ou petite restauration à l’intérieur de l’enceinte. PAM


Les étoiles de la soirée

David Desharnais » Avec son mètre 74, le Canadien n’est pas prédisposé à briller lorsque le jeu se muscle. Une remarque qu’il a entendue tout au long de sa carrière. A 35 ans, il a déjà eu maintes occasions de prouver qu’il avait du répondant. Il le montre une nouvelle fois cette saison. Utilisé à toutes les sauces par son coach (34’12 de jeu), Desharnais a récupéré et bonifié une quantité de pucks. Pour faire bonne mesure, il a aussi remporté 17 de ses 31 (!) engagements. Précieux, très précieux.


Tim Bozon » Le jeu physique ne lui fait pas peur. Ses six années passées à griffer les patinoires nord-américaines expliquent sans doute cela. Les play-off sont donc faits pour lui. Très remuant tout au long de la rencontre, l’ailier a frôlé l’égalisation en ajustant la transversale des buts de Berra (29e). Placé dans la ligne de parade dès le 3e tiers, il ne lui a fallu que 3’38 pour servir Bertschy pour l’égalisation lausannoise.


Mauro Dufner » De retour dans l’alignement après deux bonnes semaines passées entre l’infirmerie et les gradins, le défenseur fribourgeois a vite retrouvé ses automatismes avec Diaz. Plein de culot, il a réussi un soleil sur Miele et bloqué quatre tirs lausannois dans le temps réglementaire. Violemment chargé par Glauser en fin de 3e tiers, il a repris comme si de rien n’était. Un retour remarqué et bienvenu.


Jiri Sekac » Auteur de 28 points lors des 18 derniers matches de la saison régulière, et encore de 5 unités en 3 parties de pré-play-off, le Tchèque faisait figure d’épouvantail avant ce quart de finale. Mais depuis le début de la série, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Parfaitement muselé par les Dragons, le no 92 des Lions patine sans rythme et sans confiance. Pour relancer son ailier (et son équipe), John Fust a brassé ses trios. Sekac s’est alors retrouvé avec Paré et Miele. Sans retrouver son mordant pour autant... FR


«C’est frustrant de perdre comme ça»

Le défenseur lausannois Aurélien Marti et son entraîneur John Fust réagissent à la défaite des Lions. 

Aurélien Marti, défenseur: «C’est forcément frustrant de perdre comme ça. On a tout donné, mais Fribourg voulait garder l’avantage de la glace et a mis d’avantage d’énergie que nous. Il faut sortir plus mature de ce match. On est bien. On essaie de prendre du plaisir et de créer du jeu, sans avoir peur de commettre des erreurs. A nous de répondre jeudi à domicile en nous nourrissant de l’énergie de nos supporters. A 2-0, nous n’avons pas lâché pour revenir et aller chercher l’égalisation. Il faut continuer sur cette dynamique. Quand un match se prolonge, il faut réduire le temps des présences sur la glace pour ne pas trop se griller. Dans le jeu, il ne faut pas forcer mais saisir sa chance quand elle est là. Nous avons essayé de produire du jeu, mais nous avons manqué d’un peu de chance et notre power-play n’était pas top. Mais il faut rester positif.»

John Fust, entraîneur: «Nous étions bien dans ce match. Nous avons bougé le puck et eu des occasions. Il va falloir gérer l’énergie des joueurs et trouver de l’énergie pour le match no4. Je ne suis pas mécontent de l’équipe. Si nous nous montrons plus disciplinés, nous pouvons prendre le prochain match. La confiance est là. La différence est minuscule. Il faut trouver encore la solution en power-play.»

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