27 novembre 2023 à 09:10
Fin novembre déjà et déjà le retour des publicités de Noël. Toujours la même histoire, des couleurs mordorées, des bruits de grelots et des gens bien coiffés qui s’esclaffent en gobant des verrines gourmandes pour nous rappeler que l’essentiel, c’est Lidl. Notez, je n’ai rien contre les verrines gourmandes. Si j’étais une verrine gourmande, je chercherais aussi à me vendre, si possible en lot de dix pour garnir vos tables de fête ou remplir vos vides affectifs. Chaque année pourtant, je prie pour que jamais nos spots publicitaires ne tombent entre de mauvaises mains. Ou de mauvais yeux.
Ceux d’un petit Gazaoui qui s’est réveillé la semaine dernière avec une jambe et une petite sœur en moins, par exemple. Ceux de cette mère de famille haïtienne qui n’ose plus sortir de chez elle de peur de prendre une balle perdue, ceux en définitive de n’importe quel citoyen de ce monde qui a en ce moment d’autres soucis en tête que le menu du réveillon ou le cadeau de tonton Raoul.
Noël, une parenthèse
Mais voilà, Noël est une récréation, un moment qu’on suspend avec nos guirlandes en étalant une belle nappe sur les drames du quotidien pour se réunir dans un mélange de convivialité et de crème au beurre. L’ennui, c’est que ce ne sont pas les fêtes de Noël qu’on met en exergue: c’est le monde entier qu’on place entre parenthèses. Les crochets ouverts vers l’extérieur pour tenir à distance les tragédies, éviter tout contact entre la réalité et ce monde merveilleux fait de marmottes qui parlent et de femmes en robe de soirée qui battent des cils en suçant un Ferrero, ça risquerait de faire tourner notre chocolat chaud.
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