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Société

Travailler couché ou plié en 4

Dans un nouvel ouvrage, un ethnologue nous invite à questionner notre rapport au bureau et à la sacro-sainte position assise


Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

15 mars 2021 à 19:25

Temps de lecture : 1 min

Perspectives » Vaut-il mieux être «au bureau», ou «à son bureau»? «En présentiel», ou en télétravail? Ces questions sont plus que jamais au cœur de nos préoccupations, depuis maintenant une longue année. Qu’en pensent les anthropologues? Professeur des universités, le chercheur français Pascal Dibie se passionne depuis des décennies pour l’étude des points fixes et de nos manières de les habiter. Il vient de compléter ses précédentes études sur l’Ethnologie de la chambre à coucher et l’Ethnologie de la porte par un nouveau titre: Ethnologie du bureau. Brève histoire d’une humanité assise. Interview.

Il y aura un avant et un après Covid-19, dans nos rapports au bureau?
Pascal Dibie: Le Covid a déjà révélé des choses. «L’après» se prépare déjà dans la manière de changer nos habitudes de travail. Ce n’est pas si simple, nos rapports aux bureaux et à la position assise sont très liés à notre instruction, aux années passées sur les bancs de l’école, aux institutions, à l’administration. On le voit aujourd’hui avec la réticence des entreprises au télétravail: le télétravail pose le problème de la hiérarchie et de la volonté de l’employeur de pouvoir surveiller, contrôler les employés, entre le monde des dirigeants et des «agissants».

Vous écrivez qu’un des problèmes du télétravail, c’est de devoir emporter tout son bureau chez soi. Quels sont les risques?
Nous n’avons pas assez pensé la dimension économique. Encore faut-il avoir les moyens de disposer d’assez d’espace chez soi pour installer son bureau. Les célibataires ou les couples sans enfants peuvent encore s’arranger. Mais pour les familles des classes moyennes vivant en appartement, c’est vite l’enfer: il n’y a pas de pièce prévue pour, la cuisine, le salon, le couloir ou même la salle de bains sont réquisitionnés, cela pose des problèmes de cohabitation… En Angleterre, les bow-windows permettent d’accueillir une table d’appoint. Dans les immeubles bourgeois de type haussmanien, il y avait bien des pièces prévues comme fumoir ou boudoir, utilisées comme bibliothèque ou bureau. Mais ces pièces ont disparu dans les années 1960.

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