Le canton de Vaud programme la fin des chauffages fossiles en 2040

Energie » Canton pionnier, «loi probablement la plus ambitieuse de Suisse», le conseiller d’Etat Vassilis Venizelos a exprimé ce lundi son «émotion» et sa «fierté» en présentant l’avant-projet de révision complète de la loi sur l’énergie (LVLEne) . Aux yeux du responsable écologiste, ce texte, qui devrait entrer en vigueur en 2025 et qui l’a même réveillé la nuit, n’est plus ni moins que «le projet le plus important de la législature» afin d’être à la hauteur des défis du réchauffement climatique. «C’est un travail collectif, du gouvernement, au-delà des clivages politiques», a-t-il ajouté en espérant «un débat dépassionné» au Grand Conseil.

Si l’on se souvient des discussions enflammées au parlement à propos de la fin des chauffages électriques, des doutes sont permis, même si le chef de département martèle la nécessité de «faire beaucoup plus» en matière de lutte pour l’environnement. Car lui-même le reconnaît: il s’agit d’un changement de paradigme qui est mis en consultation jusqu’au 21 novembre. Certaines mesures frapperont d’emblée les esprits: fin des chauffages fossiles pour 2040, des panneaux solaires sur tous les toits nouveaux et lors de rénovation à partir de 2040 également, lutte contre le gaspillage d’énergie avec l’isolation de bâtiments, la limitation de l’éclairage commercial et public ainsi qu’une sobriété maximum. Le texte prône en outre la priorité aux énergies locales avec l’exploitation du «très grand potentiel» de la géothermie et le déploiement des parcs éoliens prévus.

Tâche énorme

Pour soutenir ces efforts, l’Etat jouera le rôle de «facilitateur» en mettant davantage d’argent sur la table, soit 120 millions de francs (canton et Confédération) par an, ce qui représente 46 millions de plus. La transition est en cours, mais «nous devons faire beaucoup plus, nous devons accélérer la cadence», a poursuivi Vassilis Venizelos. Grâce aux leviers fournis, Vaud deviendra «un canton solaire», tout en renforçant son travail d’assainissement «des passoires énergétiques», avec un délai fixé là aussi à 2040. Si l’ambition est maintes fois mise en exergue, il n’en reste pas moins que certaines réalités demeurent. En 2022, environ 1500 chauffages fossiles ont pu être changés pour des solutions plus écologiques. Les services du canton chiffrent à 90 000 le nombre de chauffages fossiles en service (67% des bâtiments), ce qui laisse entrevoir l’ampleur de la tâche à réaliser si l’on veut respecter l’échéance de 2040 (la subvention représente 15 à 20% de l’investissement). Pour les installations photovoltaïques, il en va de même, ne serait-ce que du point de vue de la main-d’œuvre à disposition. «On ne les a pas», a clairement reconnu François Vuille, délégué cantonal à la transition énergétique, interrogé sur les employés capables d’installer en masse les panneaux solaires souhaités.