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Propagande post-mortem

La doctorante Céline Graillat-Mansuy fait parler les fantômes de son corpus de textes du XVIIe siècle.


Camille Besse

Camille Besse

25 mars 2022 à 14:14

Temps de lecture : 1 min
Trois minutes pour présenter à un auditoire profane le sujet de ses recherches. C’est le défi que pose aux doctorants le concours de vulgarisation scientifique Ma thèse en 180 secondes, qui aura lieu le 31 mars prochain. A cette occasion, les candidats fribourgeois nous dévoilent les coulisses de leur travail. Plongée au cœur des laboratoires universitaires.

Des lunettes cerclées de rose, un sourire lumineux et un quotidien bien rempli. La doctorante Céline Graillat-Mansuy n’a pas hésité à faire le trajet depuis Annecy, où elle réside et enseigne la littérature française et le latin à des classes du secondaire, pour assister à un atelier de préparation au concours qui se tiendra le 31 mars prochain, sur la scène du Nouveau Monde.

L’occasion de nous parler de ses recherches, autour d’un grand café, à deux pas de l’Université de Fribourg, où la Française de 35 ans effectue depuis février 2018 son école doctorale. Avec sa thèse intitulée Propagande d’outre-tombe, l’instrumentalisation des fantômes et morts gouvernementaux dans les mazarinades, la doctorante s’attache à analyser les discours des «male morts». Un titre qui ne doit pas effrayer, puisque c’est simplement la manière dont les auteurs de ces textes, à la plume parfois piquante, utilisent les fantômes de personnalités décédées brutalement pour servir leurs propos, qui intéresse la chercheuse.

Votre recherche porte sur des récits liés à une époque particulière de l’histoire de la France, les mazarinades. De quoi s’agit-il?

Céline Graillat-Mansuy: Ce sont des textes écrits par des auteurs en général anonymes et publiés illégalement entre 1649 et 1653 au sujet du cardinal Mazarin, alors ministre d’Etat. On dénombre environ 6000 mazarinades. Le terme désigne à la fois des propos favorables aux décisions du cardinal ou qui, au contraire, s’y opposent. Ce sont surtout leurs dates de publication qui font foi.

Pourquoi avoir choisi de vous intéresser aux fantômes?

Il existe déjà de nombreuses études sur les mazarinades, mais aucune ne parlait de ces personnages pourtant incontournables. J’ai trouvé cela étrange que personne ne s’y intéresse et j’ai saisi l’occasion. Dans mon analyse, je cherche par exemple à comprendre comment les fantômes rendent comptent de la politique. Ou quel est le message que les auteurs essaient de faire passer à travers eux. J’ai ainsi constaté des «pics d’apparitions». Les fantômes sont en quelque sorte utilisés comme arme de persuasion ou, en d’autres termes, pour faire le buzz.

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