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Canton

L’exécutif justifie le prêt de la FIFA

Pressé par des questions et un postulat, le Conseil communal de Fribourg s’explique sur un emprunt

Le Conseil communal a fourni une liste des emprunts contractés par la ville depuis 2013.

 Patrick Chuard

Patrick Chuard

17 février 2023 à 02:01

Ville de Fribourg » Le grand argentier de la capitale, Laurent Dietrich (le centre), s’est exprimé pour la première fois hier soir après la révélation d’un emprunt de 10 millions de francs, souscrit en 2022 par la ville de Fribourg auprès de la Fédération internationale de football association (FIFA). Ce prêt à court terme, d’une durée de deux mois, dont la ville a précisé entre-temps qu’il avait été remboursé, a interpellé un certain nombre d’élus du Conseil général (LL du 3 février).

Lors de la séance du parlement d’hier, la verte Camille Goy a questionné l’exécutif concernant cet emprunt, évoquant un «choix critiquable en lien avec les conditions d’organisation de la dernière Coupe du monde au Qatar». Tout en regrettant que les critères d’emprunt «n’intègrent pas des préoccupations sociales et écologiques». Laurent Dietrich (le centre) a expliqué que les emprunts à court terme de la ville «sont gérés de manière opérationnelle et sans intervention politique. Seuls les emprunts à moyen et à long terme exigent la signature du Conseil communal. Cela répond à un fort besoin de réactivité.»

Appel à la transparence

L’emprunt souscrit par la ville auprès de l’entité sportive via la plateforme Loanboox a suivi un processus «conforme à la législation. Le Conseil communal n’a pas de critères éthiques concernant les emprunts et il est conscient de la difficulté d’en mettre à l’avenir», a souligné Laurent Dietrich. L’élu estime qu’il «ne faut pas confondre un emprunt qui répond à un besoin de liquidités à très court terme et des placements financiers. Pour ces derniers, les règles sont complètement différentes et la ville a des critères d’investissements.»

Le Conseil communal a ensuite fourni une liste des emprunts contractés par la ville depuis 2013 et qui sont toujours en cours: il s’agit de sommes de 5 à 15 millions de francs, pour des durées de 4 à 20 ans, obtenues auprès de la Banque cantonale de Fribourg, de Postfinance, de la Banque cantonale des Grisons, d’UBS, de la caisse de pension Poste, de Credit suisse et d’Axa. Des prêts aujourd’hui échus ont notamment été consentis à la ville dans le passé par Swissquote, Eurofima, la Banque cantonale de Berne et la Banque cantonale des Grisons.

«On ne peut pas anticiper un scandale, a expliqué Laurent Dietrich en marge de la séance. Avec la FIFA nous avions fait un emprunt à une entreprise tout à fait honorable en l’état. Il y a eu un tapage médiatique sur cette entreprise deux mois plus tard. En fonction de la sensibilité populaire et des pressions médiatiques, de nombreuses entreprises ou bailleurs de fonds pourraient faire l’objet de critiques imprévisibles. Comment pourrions-nous mettre des critères en amont pour gérer des suppositions d’affaires qui pourraient sortir un jour dans les médias?»

Il précise que le Conseil communal s’est questionné sur cette affaire et a résolu de répondre en toute transparence mais qu’il a constaté «la difficulté de mettre des règles éthiques autres que légales à ce type d’emprunts à court terme. Si des critères sur développement durable devaient être posés ils feront l’objet d’une réflexion.»

Marc Vonlanthen et deux autres élus socialistes ont déposé hier soir un postulat réclamant davantage de «transparence dans la politique des emprunts de la ville.» Le texte, qui sera soumis au plénum lors d’une prochaine séance, demande que la commune publie régulièrement la liste de ses emprunts et en tienne informée la commission financière du Conseil général. Ses auteurs imaginent que la transparence poserait «une base de dialogue possible sur les standards de durabilité et d’éthique.» Aucune exigence n’est cependant posée. «Dans le passé certains postulats ont été déclarés irrecevables car l’objet ne relevait pas de la compétence du Conseil général», rappelle Marc Vonlanthen. Il estime cependant que ces informations devraient être fournies chaque année avec les comptes de la ville.

Jean-Thomas Vacher a encore demandé quel rôle le Conseil communal «pourrait donner à la commission financière dans le cadre de ses réflexions». Laurent Dietrich a rappelé les prérogatives de chaque entité, soulignant qu’il ne revient pas à la commission financière de «s’immiscer dans la gestion opérationnelle.»

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