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Politique

«Il est temps de laisser la place à du sang neuf». Viola Amherd quitte le Conseil fédéral

La ministre de la défense Viola Amherd a annoncé mercredi sa démission pour fin mars. La Valaisanne a été élue en décembre 2018. Les spéculations sur un départ anticipé allaient bon train.

La Valaisanne a été élue fin 2018.Keystone - prétexte

ATS

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Aujourd’hui à 14:36, mis à jour à 16:29

Temps de lecture : 3 min

L’annonce de sa démission intervient deux semaines après la fin de son année présidentielle. La démission du président du parti centriste Gerhard Pfister en début de semaine a relancé les rumeurs sur son départ.

Désormais, les choses sont claires. «Après plus de 30 ans de politique active, dont plus de 25 ans dans une fonction exécutive, il est temps de laisser la place à du sang neuf», a-t-elle déclaré. Elle a dit mener des réflexions depuis «un certain temps».

Chaque conseiller fédéral prend une telle décision seul et soi-même, a-t-elle assuré, interrogée si son annonce était liée aux pressions de l’UDC appelant à sa démission. Selon elle, une fois que la décision a été prise, celle-ci devait être clairement et rapidement médiatisée, pour éviter des incertitudes.

La ministre valaisanne gardera en mémoire un bon souvenir de son année présidentielle. Les objectifs qu’elle s’était fixés ont été atteints, notamment l’aboutissement des négociations avec l’UE.

«Je suis reconnaissante d’avoir pu travailler autant, parfois trop», a-t-elle révélé. «Je suis toujours en forme» et c’est un bon moment pour partir. La Valaisanne se réjouit «de calme et de repos». Elle ne souhaite pas reprendre de nouveau mandat. Coupant court aux critiques, elle a avancé qu’il fallait laisser les «mauvaises langues» parler. «J’ai vécu beaucoup de campagnes que j’ai bien surmontées.»

Du travail pour son successeur

Interrogée sur son bilan, Viola Amherd a laissé le soin aux journalistes de le faire. Elle a cependant souligné plusieurs points positifs dans son Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS).

Et de citer l’augmentation des moyens financiers pour l’armée, la création du Secrétariat d'Etat à la politique de sécurité (SEPOS), l’intégration de l'Office fédéral pour la cybersécurité à son département, la coopération internationale en matière de défense, une étude sur la discrimination et la violence sexualisée au sein de l’armée un renforcement de l’éthique dans le domaine sportif, ou encore la transformation du Service de renseignement de la Confédération.

La promotion des femmes dans l’armée est également un «succès incroyable». La Valaisanne a doublé le pourcentage de 0,7 à 1,6%. L’armée dispose aujourd’hui d’un poste pour les femmes et la diversité et donc d’une possibilité d’intéresser les femmes au service militaire. Viola Amherd s’est dite convaincue d’avoir posé quelques jalons importants durant sa fonction. Toutefois, tout n’a pas été parfait et il reste du travail à faire pour son successeur ou sa successeuse.

Pas influencer la succession

Sur ce point, elle a dit n’avoir pas de voeux, à part une personne du Centre. Mme Amherd a affirmé qu’elle n’avait aucune intention d’influencer d’une quelconque manière la succession en démissionnant pour le printemps.

Selon elle, le président du parti Gerhard Pfister, qui a annoncé sa démission pour juin, n’est pas exclu de la course. La vice-présidence du Centre peut prendre le relais, a-t-elle rappelé.

Plusieurs noms sont déjà tombés pour succéder à la Valaisanne: l’ancien président du Conseil national Martin Candinas (GR), la conseillère aux Etats Isabelle Chassot (FR) ainsi que le conseiller aux Etats Benedikt Würth (SG). Le parti tiendra une conférence de presse lundi prochain pour dévoiler le processus interne en vue de l’élection au Conseil fédéral.

Communication peu conventionnelle

La politicienne du Centre de 62 ans, originaire de Brigue-Glis (VS), a succédé à Doris Leuthard. Elle a été la première femme à diriger le DDPS. Elle n’aura affronté le peuple qu’une seule fois, avec succès, le 27 septembre 2020, sur les avions de combat.

Elle a fait part de sa décision à la fin d’une conférence de presse sur le développement du système de l’obligation de servir. Cette communication est peu conventionnelle, les conseillers fédéraux ayant l’habitude d’annoncer leur démission lors d’une conférence de presse dédiée. L’annonce coïncide également avec le départ de sa collaboratrice personnelle Brigitte Hauser-Süess fin 2024.