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Courrier des lecteurs

Courrier des lecteurs. Protéger les jeunes mineurs


Anne-Marie Pillonel, Granges-Paccot

Anne-Marie Pillonel, Granges-Paccot

11 juin 2024 à 00:00

Temps de lecture : 2 min

Un paradoxe inquiétant: les dispositifs de protection des jeunes mineurs de chez nous n’empêchent pas leur mise à l’écart, dans la rue. Ma rencontre, un soir, en mars dernier, par une température de 6 degrés, avec deux jeunes de 16 et 17 ans, en survie dans la rue, m’a interpellée.

Cette situation, certes marginale, est cependant bien réelle et préoccupante. Ces jeunes mineurs en rupture d’avec leurs familles ne peuvent pas y être logés. Ils sont pris en charge par le Service de l’enfance et de la jeunesse (SEJ), mais ils refusent les foyers d’hébergement et de formation qu’ils ont déjà fréquentés mais qui ne correspondent pas à leurs besoins. Et comme le système n’a pas d’autre option pour eux, ils se retrouvent dans un mode de survie à la rue, auteurs de larcins et d’autres désordres publics. Ils expliquent clairement que ce qui est important pour eux c’est «la liberté et avoir une meilleure vie».

Ce sont des souhaits légitimes, chers à beaucoup d’entre nous. Je cite Jean-Jacques Rousseau dans ses Correspondances: «Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, à ses droits et même à ses devoirs humains les plus fondamentaux.» Obliger ces jeunes à vivre dans un environnement qui ne leur convient pas est vu par eux comme une privation de liberté. Et le drame, c’est que quand ils revendiquent cette liberté, ils n’ont plus aucune place dans la société et ne savent plus comment y rentrer. Ils disent qu’ils sont «perdus». Avons-nous des éducateurs formés et compétents pour ces jeunes? Pourquoi ne pas créer un refuge pour les mineurs au moins pour les accueillir la nuit?

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