Josy Pitteloud, Gloria Graber, Marisa Godinho, Mireille Fluri, Suzi Aebischer, agents sympas, Raphaelle Pugin, déléguée à l’intégration, Villars-sur-Glâne
Aujourd’hui à 15:28
Dis, cutter, pourquoi m’as-tu lacérée dans mon sommeil (lire l’article du 12 novembre sur l’«Exposition sur la migration vandalisée» sur un sentier entre Beaumont et Cormanon, ndlr)? Exposée à tout vent, j’ai juste imprimé sur ma surface sensible le portait d’une jeune fille lointaine. Son regard respirant la joie de vivre était-il trop confrontant pour toi? Quel est donc ce mal-être qui te ronge et qui te pousse à te comporter en vandale? Te sens-tu menacé? As-tu un sentiment d’injustice? Est-ce que je te cause un préjudice? As-tu peur pour ton travail?
Es-tu angoissé par les changements planétaires? Veux-tu retourner au temps où certains de tes ancêtres ont dû s’expatrier à Nova Friburgo? Crains-tu celui qui ne te ressemble pas? Comment t’entends-tu avec ton voisin, tes parents, ta fratrie? Crains-tu pour ton identité profonde? Elle est immuable! Es-tu sûr que ton acier tranchant est 100% helvétique?
Ce que tu provoques en moi? Ni la rage. Ni la peur. Ni la colère. Mais la stupeur par les années-lumière que tu voudrais mettre entre toi et moi, alors que nous sommes, et toi et moi, des Terriens. Je ne viens pas prendre ta place. Je témoigne juste de mon intégration dans ce pays que j’enrichis par ma culture d’origine. Cher cutter, je serais ravi d’entendre ta voix. Pourrais-tu envisager que nos ressemblances dépassent de loin nos différences? Et peut-être pourrions-nous mettre un bandage sur nos plaies.