Willy Dietrich, Schmitten
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Je suis mort le… Voilà le titre d’une des dernières œuvres de Michel Bavaud, qui peut désormais être complété avec le jour de son décès, le 12 février (LL du 13.2). Avec son départ, nous perdons un humaniste et un intellectuel de haut niveau qui a encouragé de nombreuses personnes dans leurs conflits de foi et de conscience.
Enraciné dans un milieu catholique romain, Michel Bavaud devint homme de lettres, professeur, directeur d’école et écrivain. Il s’est impliqué dans de multiples institutions et comités ecclésiastiques et engagé envers le tiers-monde et la justice sociale. A la veille de ses 80 ans, par son essai Dieu, ce beau mirage, il se déclarait athée. Un choc, surtout pour le monde ecclésiastique! Son livre fut le témoignage d’un croyant fervent qui s’est senti peu à peu trahi par l’Eglise, son langage, ses dogmatismes et contradictions. Il l’a fait sachant qu’il scandaliserait et peinerait nombre de ses proches et amis, ce qu’il regrettait vivement.
Malgré les critiques sévères et attaques injurieuses, il défendit ses convictions par d’autres livres et en participant à des débats. Expert théologique, il considérait les saintes Ecritures – qu’il lisait en latin et en grec ancien – comme des œuvres humaines écrites à certaines époques. Il savait de quoi il parlait, en raison aussi de ses vastes connaissances d’autres religions, des sciences naturelles et en philosophie.
Son athéisme ne l’empêchait pas d’apprécier le riche héritage culturel judéo-chrétien et l’engagement social de l’Eglise. Ses répliques, parfois ironiques, aux critiques étaient pleines de respect et de bienveillance pour ceux qui ne partageaient pas ses avis.