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Plages de vie

Il serait de bon ton qu’ils s’accordent


Thierry Raboud

Thierry Raboud

Aujourd’hui à 00:00

Temps de lecture : 1 min

Mes journées de pendulaire CFF commencent comme elles se terminent, en musique. Chaque matin et soir, je passe dans le même sous-voie transformé en auditorium par des musiciens variablement doués, mais dont la principale qualité est de savoir se jouer du froid. A l’aube, un polyinstrumentiste se congèle les doigts sur son charango en s’époumonant de tout le répertoire andin dans sa flûte de Pan, El cóndor pasa et j’en passe. Au crépuscule, un clarinettiste ressasse une dizaine de standards jazz par-dessus une bande-son enregistrée, Smile pour faire sourire les passants. Et les deux dans ma tête finissent par résonner de concert, au grand désespoir de mon oreille non pas absolue, disons chatouilleuse. Car l’un, congelé dans l’aurore, joue trop bas: presque un demi-ton parfois. L’autre, tout à son enthousiasme vespéral, joue trop haut: presque un demi-ton parfois. Chaque journée comme une élévation. Mais ne serait-il pas de bon ton qu’ils s’accordent?