Cécile Krassnitzer, Fribourg
Aujourd’hui à 16:23
Je souhaite réagir aux propos de Madame de Quattro, qui a déclaré dans La Liberté du 12 décembre que «le Hamas ne visait pas des objectifs militaires, mais délibérément la population civile». Pour justifier une interdiction du groupe palestinien en Suisse. Que le Hamas ait pu se rendre coupable d’actes «terroristes» le 7 octobre est désormais admis. Mais on attendrait de Jacqueline de Quattro un même engouement à qualifier de «terroristes», les «7 octobre» quasi hebdomadaires que fait subir l’armée israélienne à la population de Gaza.
Au-delà de la bataille sémantique, Madame de Quattro ignore un aspect fondamental: le Hamas, quoiqu’on puisse le critiquer politiquement, reste de fait un mouvement national de résistance face à des décennies d’oppression et d’occupation en territoires palestiniens. Hamas ou non, les propos de la conseillère nationale traduisent un mépris des luttes anticoloniales pour la liberté et la justice. Dois-je lui rappeler que Netanyahou et Gallant sont visés par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI)?
Plus récemment, en plus de violer le cessez-le-feu au Liban, l’armée israélienne a franchi les frontières du Golan occupé en violation flagrante du droit international. Mais interdire un mouvement palestinien en Suisse – au-delà du caractère populiste de la démarche – coûterait peut-être moins cher à Madame de Quattro que de condamner le condamnable. On notera le sens des priorités… qui n’est définitivement pas celui des peuples du Proche-Orient ni celui de notre tradition humanitaire et de médiation.