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Pour désamorcer la bombe de Gaza, la solution à deux Etats gagne du terrain

La gestion de la bande de Gaza après l’opération militaire israélienne se prépare maintenant. La perspective de l’administrer est un repoussoir pour beaucoup d’acteurs. 

La population de la bande de Gaza qui se réfugie dans le Sud, à Rafah, © Keystone

Thierry Jacolet

Thierry Jacolet

6 décembre 2023 à 16:40

Temps de lecture : 1 min

La bande de Gaza n’est plus qu’un lambeau de terre retournée et de béton fracassé gisant au bord de la Méditerranée. Quand l’armée israélienne aura achevé son entreprise de destruction, elle contrôlera une enclave «libérée» du joug de l’organisation terroriste du Hamas, selon ses promesses. Va-t-elle se charger de l’administrer? Ou refilera-t-elle la patate chaude à l'un des acteurs du drame israélo-palestinien? Pour l’heure, les fumées s’élevant des ruines obstruent l’horizon politique de ce territoire. Tentatives d’éclairage.

1. Les Israéliens vont-ils rester à Gaza?

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou martèle qu’il n’est pas question d’envahir l’enclave palestinienne, même si Tsahal est entré sur ce territoire comme une armée d’occupation fin octobre. Une fois qu’Israël reprendra les commandes à Gaza – le gouvernement les avait lâchées en 2005 au profit du Hamas –, il entend assumer un «contrôle sécuritaire» de Gaza, avec la possibilité d’intervenir militairement sur le territoire en cas de tensions. Tel-Aviv se déchargerait de la gestion administrative de l’enclave explosive.

Le premier ministre pourrait toutefois adopter la posture du «J’y suis, j’y reste». «S’il n’y a pas de conditions internationales qui les poussent à partir, il y a fort à parier que les Israéliens resteront», estime Jean-Paul Chagnollaud, président de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), à Paris. «Ils peuvent dans ce cas se préparer à de nouvelles guerres.» Benyamin Netanyahou n’a pas intérêt à tenter le diable: la population meurtrie et brûlant de colère ne ferait pas de cadeaux. Le chef du gouvernement est parti en guerre à l’aveugle, sans plan pour le «jour d’après» à Gaza si ce n’est la conviction de vouloir «autre chose», comme il l’a dit.

Or, «le risque serait de démanteler le pouvoir du Hamas sans succession», tempère Yagil Levy, professeur spécialiste des questions militaires à l’Open University d’Israël. «Il est possible qu’Israël mette fin à la guerre sans réel changement. Il a échoué à chaque fois qu’il a essayé de modifier les régimes arabes et a toujours aggravé sa propre situation.» Ainsi la tentative de faire de l’Autorité palestinienne (AP) le bras sécuritaire d’Israël depuis les accords d’Oslo en 1993.

2. Qui peut gérer l’enclave?

«Le Gouvernement israélien souhaiterait qu’un autre acteur administre le territoire, mais il ne fait confiance à aucune entité pour le faire», observe Joseph Huddleston, professeur assistant à l’école de diplomatie et de relations internationales de l’Université américaine de Seton Hall, à South Orange. Le Hamas s’est mis hors jeu après son attaque épouvantable contre Israël le 7 octobre. Le groupe islamiste, classé dans la catégorie terroriste par l’UE, assurait la gestion depuis 2007, dans le sillage de sa victoire aux élections contre le Fatah.

Le Fatah justement? Ce parti politique nationaliste palestinien est la force dominante au sein de l’Autorité palestinienne (AP). Impopulaire, celle-ci a du mal à s’imposer ne serait-ce qu’en Cisjordanie. Comment pourrait-elle assurer la gestion de la bande de Gaza, même si elle en a la responsabilité au vu des accords d’Oslo II du 28 septembre 1995?

«Le régime du Fatah risque de s’effondrer comme il s’est effondré dans la bande de Gaza lors du retrait israélien en 2005 et il n’est pas possible de s’appuyer sur lui», analyse Yagil Levy. «L’AP a été considérablement affaiblie par Israël.» Benyamin Netanyahou a tout fait pour contrecarrer ses tentatives de réhabilitation. Mahmoud Abbas, leader de l’Autorité palestinienne, est grillé à Gaza. «Ce serait suicidaire pour l’AP de revenir après la destruction de Gaza car elle serait vue comme la complice de l’ennemi», ajoute Jean-Paul Chagnollaud.

Les regards sont aussi dirigés vers l’Egypte, qui a assuré la gouvernance de Gaza entre 1948 et 1967. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi n’en veut pas. Il se contente de faciliter le passage de l’aide humanitaire au terminal de Rafah.

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