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France. Premiers pas du gouvernement Barnier à Matignon puis à l'Elysée

Le nouveau gouvernement français fait ses premiers pas lundi, déjà critiqué et menacé de censure, deux mois et demi après des élections législatives anticipées qui n'ont dégagé aucune majorité et retardé l'élaboration du budget 2025.

Les passations de pouvoirs ont commencé dimanche: ici à Bercy entre Bruno Le Maire et son successeur à l'Economie Antoine Armand.KEYSTONE/EPA/TERESA SUAREZ

ATS
AFP

ATS et AFP

23 septembre 2024 à 09:21, mis à jour à 12:07

Temps de lecture : 3 min

Le premier ministre, Michel Barnier, a, selon son entourage, promis un gouvernement "républicain, progressiste et européen", lundi matin devant ses 39 ministres, réunis pour la première fois à l'occasion d'un "petit-déjeuner gouvernemental".

L'ancien commissaire européen chargé du Brexit a demandé à ses ministres, très majoritairement issus de la droite et du mouvement libéral du président Emmanuel Macron, d'être "modestes" et d'avoir "du respect" pour "tous les partis politiques", alors que son équipe est déjà traversée par des tensions.

Les macronistes se sont inquiétés de la présence dans le gouvernement de ministres conservateurs et lui ont demandé des assurances sur les lois sociétales comme l'avortement ou le "mariage pour tous" (hétérosexuels comme homosexuels).

Le "petit-déjeuner gouvernemental" s'est tenu pendant plus de deux heures à Matignon, la résidence du premier ministre.

Les membres du gouvernement se sont ensuite rendus dans leurs ministères respectifs pour les traditionnelles cérémonies de passation.

Ils doivent se retrouver au palais présidentiel de l'Elysée pour un premier Conseil des ministres à 15h00 autour du chef de l'Etat.

Ancien commissaire européen en charge du Brexit, M. Barnier, nommé le 5 septembre par M. Macron, a appelé dimanche soir à la télévision son gouvernement à travailler dans la "plus grande cohésion" et la "plus grande fraternité", face à de premières tensions au sein de son équipe.

Rassurer

Alors que l'élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est l'urgence numéro un, Michel Barnier a promis de ne "pas alourdir encore l'impôt sur l'ensemble des Français".

Mais "les plus riches doivent prendre part à l'effort de solidarité", a-t-il prévenu, sans se prononcer directement sur un rétablissement de l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune), réclamé par la gauche.

"Une grande partie de notre dette est émise sur les marchés internationaux, extérieurs, il faut garder la crédibilité de la France", a-t-il ajouté. Le pays fait, comme plusieurs autres membres de l'UE, l'objet d'une procédure pour déficit excessif de la part de Bruxelles.

M. Barnier s'est aussi engagé à "prendre le temps d'améliorer" la très contestée réforme des retraites, sans livrer de détails.

Garanties insuffisantes

Des garanties insuffisantes pour la gauche, qui a déjà promis la censure du nouvel exécutif.

La coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), arrivée en tête des législatives des 30 juin et 7 juillet, mais sans obtenir de majorité, a déjà prévu de rédiger une motion de censure. Le texte sera déposé par les socialistes (qui font partie du NFP) après le discours de politique générale de M. Barnier le 1er octobre, selon le patron du Parti socialiste Olivier Faure.

Le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a appelé à se "débarrasser aussitôt que possible" de ce "gouvernement des perdants", qui n'a selon lui "ni légitimité ni futur".

Le nouvel exécutif, dont la composition avait été dévoilée samedi, fait la part belle au parti du président Macron, Renaissance, et une bonne place à celui de droite Les Républicains (LR), dont est issu M. Barnier.

Deux formations pourtant sorties en net recul aux législatives provoquées par la dissolution controversée de l'Assemblée nationale par M. Macron.

Reste que pour aboutir, une motion de censure doit recueillir les voix du Rassemblement national (RN), le parti d'extrême droite de Marine Le Pen, ce qui pour l'instant est peu probable de l'aveu même de M. Faure.

Le vice-président du RN Sébastien Chenu a confirmé lundi que son parti ne censurerait pas "avant d'avoir vu le budget".

"Nous allons peser sur ce gouvernement" et "nous prendrons nos responsabilités", le cas échéant, a toutefois ajouté le député dont le groupe est arrivé troisième aux législatives derrière le bloc centriste, après une importante progression.