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Ukraine. Le Parlement déserté par crainte de frappes russes

Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein cœur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d’un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l’adresse de l’Occident.

Le président Vladimir Poutine a annoncé jeudi que la Russie avait lancé un nouveau missile balistique de moyenne portée (archives).KEYSTONE/AP/Vyacheslav Prokofyev

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 09:39, mis à jour à 14:44

Temps de lecture : 4 min

Après ce tir, le président russe s’était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l’escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un «caractère mondial» et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s’est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient «compris» le message de Vladimir Poutine.

L’Otan et l’Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l’AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a «annulé» sa séance en raison de «signaux sur un risque accru d’attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir», ont expliqué plusieurs députés à l’AFP.

En plein cœur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu’à présent été épargné par les bombardements. L’accès y est strictement contrôlé par l’armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l’administration présidentielle «travaillait comme d’habitude en respectant les normes de sécurité habituelles».

«Compris» le message

S’adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l’Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu’à 5500 km), baptisé «Orechnik», qui était dans sa «configuration dénucléarisée».

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l’Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d’une portée d’environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un «caractère mondial» et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

«Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l’Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie», a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il s’est dit persuadé que Washington avait «compris» ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l’avance du tir russe, avaient accusé Moscou de «provoquer l’escalade». L’ONU a évoqué un «développement inquiétant» et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une «terrible escalade».

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la «retenue». Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette «escalade en Ukraine».

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à «réagir», dénonçant un «voisin fou» qui utilise l’Ukraine comme un «terrain d’essai».

«Cobayes» de Poutine

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l’arme atomique. Un acte «irresponsable», selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l’AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets. «Cela fait peur. J’espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques», a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu’Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à «agir» et «ne pas rester silencieux». M. Poutine «teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes», a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent. A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s’est lui rendu sur un poste de commandement de l’armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s’est félicité d’avoir «pratiquement fait échouer» la campagne militaire ukrainienne pour l’année 2025 en «détruisant les meilleures unités» de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont «accélérées».

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l’aide militaire américaine, vital pour l’armée ukrainienne.