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«Il n’y a pas de raison de penser que 2024 sera une année plus dangereuse», selon le géopolitologue Frédéric Encel

Après une année lourde en événements dramatiques, le tensiomètre géopolitique va rester gonflé en 2024: aux crises en cours vont s’ajouter des élections majeures à venir. Frédéric Encel relativise et observe des signes d’apaisement.

Fédéric Encel s’attend l’an prochain au départ du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou (photo) et à la «démilitarisation» du Hamas, des conditions pour un retour aux négociations. © Keystone

Thierry Jacolet

Thierry Jacolet

29 décembre 2023 à 20:45

Temps de lecture : 1 min

Perspectives » Pour beaucoup, l’année 2023 se referme comme une vieille porte qui grince de tout le malheur du monde. Avec l’espoir de passer à autre chose? On ne mettra pas la main au feu, pas même le petit doigt. Les guerres clivantes en Ukraine et en Israël, les crises économiques, climatiques ou encore migratoires et bien d’autres épreuves vont continuer de s’incruster dans notre quotidien, de près ou de loin.

A cette superposition de troubles, l’année 2024 va ajouter une couche de tensions supplémentaires en 2024: près de la moitié de la population mondiale va passer par les urnes et notamment dans des puissances régionales ou mondiales, comme les Etats-Unis, l’Union européenne et l’Inde. Pas de quoi sombrer dans le pessimisme, à entendre le géopolitologue Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po Paris, auteur de Les voies de la puissance (Ed. Odile Jacob). Tout dépend du point de vue et du rapport au temps. Démonstration.

L’année 2024, c’est l’année de tous les dangers?

Frédéric Encel: Je me méfie des présupposés rhétoriques. Il faut toujours essayer de porter l’attention sur les «temps longs» braudeliens, quand on évoque les conflits et autres grandes crises. Par exemple, durant les années 1990 et 2000, dans l’Afrique des Grands Lacs, il ne faut pas oublier qu’il y a eu entre 5 et 6 millions de morts. Notre prisme occidental nous détourne de crises gravissimes. Or, à l’échelle de la planète, les années 1990 et 2000 ont été infiniment plus meurtrières que les quelques années de guerres que nous venons de vivre, en dépit de l’Ethiopie, de l’Ukraine, du Yémen, de l’Arménie et du Proche-Orient.

Il y a moins de conflits et moins de victimes de guerre aujourd’hui que lors des décennies précédentes?

Oui, que ce soit en termes de quantité ou de gravité. Je viens d’évoquer des crises récentes, mais l’on pourrait mentionner bien sûr les deux guerres mondiales et même un siècle extrêmement meurtrier comme le XVIIe en Europe et en Afrique. Des acteurs infra ou supra régionaux font moins la guerre, car, d’une part, ils négocient plus qu’autrefois, et, d’autre part, la dissuasion joue à plein.

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