Rochat Fernandez, cap sur Berne
Celui qui remplacera Rebecca Ruiz au Conseil national est un enfant hyperactif de la vallée de Joux
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Jérôme Cachin
4 avril 2019 à 04:01
Parlement fédéral » Nicolas Rochat Fernandez semble ne pas savoir où donner de la tête, quand il se raconte. Il apparaît agité, embrasse plusieurs horizons à la fois, la vie, la politique, le syndicalisme, la musique, les voyages… Prié d’avouer un défaut, il concède qu’il est «impatient». Il est seulement «hyperactif et passionné», assure son ami et voisin au Grand Conseil, Arnaud Bouverat.
Nicolas Rochat Fernandez (NRF dans le Landerneau, ça va plus vite et ça lui va bien) est le nouveau conseiller national socialiste vaudois, qui succède à Rebecca Ruiz, élue pour remplacer Pierre-Yves Maillard au Conseil d’Etat. L’enfant de la vallée de Joux prêtera serment le 7 mai à Berne.
NRF, donc. Trois lettres, comme pour PYM (Pierre-Yves Maillard). Car c’est dans le sillage de PYM qu’il entre au parti, fin 2002. «Maillard était le fer de lance du référendum contre la libéralisation du marché de l’électricité, il gagne devant le peuple suisse et là, j’ai senti l’énergie Maillard», se souvient NRF.
Appelé par Maillard
Après son diplôme d’école de commerce, il suit un cours préparatoire pour entrer à l’université. Puis en 2004, il bifurque. Pierre-Yves Maillard, alors secrétaire régional du syndicat FTMH (Unia) Vaud-Fribourg, l’a convaincu: «Il fallait redynamiser la section de la vallée de Joux, se souvient PYM. Nicolas avait un réseau et il a réussi.»
Durant deux ans et demi, il couvre la région horlogère. «Il n’y a rien de plus concret qu’une permanence syndicale, on y voit la violence du monde du travail», explique Nicolas Rochat Fernandez. Le voilà donc lancé sur la double voie du syndicalisme et de l’engagement politique, ses deux «fondamentaux», comme il le dit aujourd’hui. Comme PYM.
Il faut rembobiner pour voir que NRF est arrivé au socialisme par le flanc gauche. A 13 ans, il est marqué par un meeting de Josef Zisyadis au Sentier. En 1996, le leader du Parti ouvrier populaire fait basculer le Conseil d’Etat à gauche pour deux ans.
D’abord avec le POP
«Je voyais mes profs lutter contre les plans d’austérité, se rappelle NRF, qui vire au rouge vif. Vers 14 ou 15 ans, je me suis abonné au journal de Lutte ouvrière.» Le petit Nicolas rencontre même des militants du mouvement trotskiste français, à Lausanne. «Mes parents me laissaient une grande liberté dans le choix de mes activités.» A 19 ans, il est candidat au Grand Conseil sous la bannière du POP. Les socialistes du coin, parmi lesquels la future conseillère nationale Josiane Aubert, l’ont repéré.
S’il a lâché le POP pour le PS, ce n’est pas qu’au gré des rencontres. «La chute du Mur de Berlin redéfinissait le socialisme et le communisme. La ligne du POP était peu claire, à mon sens. Etre au PS permet de réformer le système de l’intérieur, avec des résultats pour ceux qu’on défend.»
Jeune syndicaliste dans sa vallée, NRF n’a pas abandonné son projet de faire l’uni. C’est à 25 ans qu’il y entre, mettant le syndicalisme en veilleuse. Après un bachelor en sciences politiques à Lausanne, il fait son droit à Neuchâtel, jusqu’au master. Sans tourner le dos à la politique.
Il entre au Grand Conseil en 2008. Juste avant le basculement de la majorité du Conseil d’Etat à gauche, en 2011, il devient chef du groupe socialiste. Une fonction qu’il quitte en 2016. «C’est un esprit très vif, bon orateur, avec de l’humour», se souvient son homologue PLR, Jean-Marie Surer. «Il peut être extrêmement tranchant, mais jamais rancunier. C’est un bon adversaire.»
«Je faisais peut-être trop de politique», lâche NRF pour expliquer pourquoi il a loupé trois fois son brevet d’avocat. «Aujourd’hui, je fais un peu le même métier.» Responsable de la section Unia Jura Nord vaudois, il est aussi juriste et défend des salariés aux Prud’hommes jusqu’à 30 000 francs de litige.
Rêves de prétoires
Les prétoires, il en rêvait pourtant depuis 1991. Il voulait être procureur, comme Jim Garrison dans JFK d’Oliver Stone sorti cette année-là, interprété par Kevin Costner. Le sex symbol hollywoodien inspire NRF. L’Amérique n’est pas sa destination privilégiée, mais sa femme et lui choisissent de se marier à Las Vegas. Dans une chapelle d’obédience Elvis Presley. De cette union bénie par un pasteur réformé, est née une fille trois ans après.
Ses parents à lui, Rochat, boulangers de père en fils, et Fernandez (née en Espagne), coiffeuse puis cafetière, lui ont donné le goût de la musique, qu’il a explorée dans toutes les directions. De Tina Turner à Pierre Boulez, en passant par Miles Davis. Et même un peu de yodel. Car, oui, sa grand-mère paternelle, une Alémanique, fait du yodel et NRF aime aussi ça. Il compte d’ailleurs sur elle pour un perfectionnement linguistique avant de commencer à Berne.
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