Formation » Il se dit beaucoup de choses sur l’armée, mais rarement qu’elle est un acteur important de la filière de l’apprentissage en Suisse. Samedi, le centre logistique de Grolley a ouvert ses portes au public pour le rappeler, mais aussi pour lancer sa campagne de recrutement. En prévision du mois d’août 2024, ses responsables sont à la recherche de 14 apprentis et apprenties dans les domaines de la carrosserie-tôlerie, de la conduite de véhicules lourds, de la logistique ou encore de la mécatronique automobile. Actuellement, 59 apprentis (dont huit jeunes femmes) sont en train d’effectuer leur formation au centre logistique. Un peu plus des deux tiers d’entre eux travaillent à Grolley, son cœur névralgique de 21,5 hectares, les autres étant répartis sur ses dix autres sites disséminés dans les cantons de Fribourg, Vaud, Jura et Valais.
Faut-il porter l’uniforme lorsqu’on travaille pour l’armée? Pas du tout, répond Christophe Küng, responsable de la gestion des apprentissages du centre logistique. «Il faut savoir que sur les 11 000 collaborateurs employés par l’armée suisse, 8000 sont des civils.» Les quelque 500 apprentis formés chaque année par les forces armées helvétiques – ils occupent 40% de l’ensemble des places d’apprentissages offertes par la Confédération – ne sont donc pas affublés de tenues d’assaut. Lors des exposés qu’il a donnés aux quelque 250 personnes ayant pris part aux portes ouvertes de samedi, Christophe Küng a aussi rappelé que l’armée suisse propose une trentaine de métiers différents, de la cuisine au gardiennage d’animaux en passant par la conciergerie, déclinés sur une cinquantaine de sites à travers le pays.
L’étiquette militaire
Le centre logistique de Grolley et sa dizaine de sites satellites emploient au total près de 600 personnes, dont 10% en moyenne effectuent un apprentissage. Avoir une proportion aussi élevée de collaborateurs en formation représente un important pari sur l’avenir, expose Joël Oberson, chef du centre logistique. Mais il se justifie notamment par la nécessité de renouveler le personnel, dont une part significative approche de l’âge de la retraite.
«Le fait de porter l’étiquette militaire n’est pas forcément un avantage lorsqu’on cherche à engager dans des métiers à 100% civils», concède Joël Oberson. Mais les infrastructures et le mode de fonctionnement de l’armée permettent d’offrir aux candidats des conditions de travail plus qu’intéressantes. «Aucun garage privé ne pourrait par exemple s’offrir un centre de formation tel que celui que dont nous disposons ici pour nos mécatroniciens.»
Salaires intéressants
Les salaires proposés aux apprentis sont en outre légèrement supérieurs à la moyenne nationale, renchérit Christophe Küng. «Et tous nos apprentis, quel que soit leur âge, ont droit à sept semaines de vacances.» Le centre logistique de Grolley, actif dans la formation professionnelle depuis une cinquantaine d’années, se distingue en outre régulièrement dans les concours professionnels. «Nous parvenons presque chaque année à décrocher un titre de meilleur apprenti du canton. Et ce week-end, trois de nos mécatroniciens ont participé à la finale des Championnats suisses des métiers», salue Christophe Küng.
Il n’en reste pas moins que l’armée, comme beaucoup d’autres employeurs, doit lutter pour attirer des candidats. «On remarque depuis quelques années que l’apprentissage perd du terrain au profit des études», note Christophe Küng. «Certains des métiers que nous proposons souffrent en outre d’un déficit d’image.» C’est le cas, par exemple, de la profession d’agent d’exploitation. «Mais il ne se résume pas à nettoyer les sols. Il demande une multitude de compétences, allant de la menuiserie à l’électricité.» Les possibilités de perfectionnement ne manquent par ailleurs pas au-delà de la maturité: brevets et maîtrises fédérales, diplômes et autres masters en hautes écoles spécialisées…