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Société

Se préparer maintenant à «l’après»

Les ultralibéraux pensent un «après-confinement» terrible pour la planète, alertent les scientifiques


 Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

22 avril 2020 à 19:58

Covid-19 »   Avons-nous assez de masques? Le pic est-il passé? Faut-il s’attendre à une deuxième vague? Qu’en est-il du déconfinement? Autant de questions pressantes et légitimes. La courte et douloureuse «parenthèse» de la pandémie de coronavirus ne doit pas nous faire perdre de vue un autre péril de bien plus grande ampleur, sur le long terme et peut-être sans retour possible, avertissent de nombreux scientifiques: celui du changement climatique. Interview d’Augustin Fragnière, docteur en sciences de l’environnement et philosophe, collaborateur scientifique au Centre interdisciplinaire de durabilité à l’Université de Lausanne, il a notamment passé plus de deux ans aux Etats-Unis (Seattle) pour mener ses travaux.

Comment et pourquoi en êtes-vous arrivé à vous occuper, personnellement et professionnellement, de l’urgence climatique?

Augustin Fragnière: En tant qu’alpiniste et guide de montagne, j’ai été amené à constater combien la nature qui nous entoure est fragile. Le recul des glaciers, les sentiers devenus impraticables… tout cela s’est passé en une seule décennie. Pendant mes études, ma rencontre avec Dominique Bourg (philosophe et professeur honoraire à l’Université de Lausanne, ndlr) a aussi été déterminante. Je me suis spécialisé sur l’environnement, les questions de durabilité et d’éthique du changement climatique. Un double parcours très cohérent, en somme.

Contrairement à ce qu’on a beaucoup entendu ces dernières semaines, vous affirmez que le Covid-19 n’est pas «bon pour le climat»… mais devrait plutôt nous faire réfléchir?

Le temps de pause de cette pandémie n’est qu’une parenthèse. Il y aura bien sûr, comme pour chaque période de récession, une légère baisse des émissions de CO2: environ 5% au niveau mondial pour 2020, ce qui n’est pas une surprise pour les connaisseurs. Mais d’abord, cela reste ponctuel, tout à fait anecdotique par rapport aux objectifs fixés de les réduire de 3 à 7% par an, chaque année et jusqu’en 2050. Ensuite, cette baisse temporaire sera de toute façon annulée par la pollution énorme émise au moment de la reprise, pour «faire redémarrer l’économie». Les politiciens sont déjà en train de nous ressortir les bonnes vieilles recettes: plus de production, plus de consommation, recours massif aux énergies fossiles… Enfin, cette crise sanitaire a interrompu les négociations en cours au niveau international, en vue de la réunion de novembre 2020 autour de l’accord de Paris (contraignant les Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, ndlr). Il y a urgence de renforcer ces accords. Le temps perdu est un temps précieux…

«Cette crise du Covid-19 est une opportunité à saisir pour changer le système»

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