Michelle Bachelet jette l’éponge
Sous pression, la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme ne briguera pas un second mandat
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14 juin 2022 à 04:01
ONU » La haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet quittera fin août l’organisation après quatre ans d’une approche discrète qui lui aura valu la réprobation des ONG, notamment sur la Chine.
«Je ne solliciterai pas de second mandat», a affirmé hier à la presse la Chilienne, 70 ans, après un discours au début de la 50e session du Conseil des droits de l’homme dans lequel elle n’était pas aussi claire. «J’ai informé il y a deux mois le secrétaire général de ma décision», a-t-elle ajouté.
Nommée en 2018 par Antonio Guterres, Mme Bachelet était arrivée après avoir été à deux reprises présidente de son pays et avait tranché avec le ton de son prédécesseur, préférant une approche plus confidentielle avec les Etats membres sur leurs violations. Certains lui auront reproché un manque de clarté, reflétée à nouveau dans son annonce d’hier.
Rapport sur la Chine
Dans une déclaration, M. Guterres a en revanche salué hier celle qui «a été en première ligne de la lutte pour les droits humains». Dans son mandat actuel, elle a fait «une grande différence», selon lui.
Certains observateurs ces derniers mois se disaient persuadés que Mme Bachelet ne chercherait pas un nouveau mandat de quatre ans. La haut-commissaire exclut tout lien entre sa décision et les critiques contre elle sur la tiédeur qui lui est attribuée sur la Chine. Disant avoir eu l’habitude des reproches lors de ses mandats publics, elle les «écoute».
Elle souhaite seulement retrouver son pays et ses proches. Notamment parce que le Chili, qui a élu récemment un jeune président de gauche, se trouve «dans un moment très important».
La pression était montée ces derniers mois sur la haut-commissaire, notamment par les Etats-Unis, avant sa visite controversée en Chine. Mme Bachelet s’est notamment rendue au Xinjiang où plus d’un million d’Ouïgours seraient détenus dans des camps d’internement.
Elle a fait face ensuite à la réprobation de certains Etats et ONG qui l’ont accusée de s’être laissé instrumentaliser, des organisations appelant même à sa démission. Mais elle a assumé son approche qui lui permet, selon elle, d’aborder directement avec les autorités les critiques à leur égard et avait affirmé qu’elle ne se rendait pas dans ce pays pour une «investigation».
Saluée par la Suisse
Un rapport de la haut-commissaire est attendu depuis l’année dernière sur la Chine. Mme Bachelet a garanti à la presse qu’elle le publierait avant son départ. Certains y voient une preuve que Pékin s’attend à un durcissement avec son successeur.
Hier, Human Rights Watch (HRW) a demandé de poursuivre les responsables des violations en Chine, «quel que soit le haut-commissaire». «Il est difficile d’entendre Michelle Bachelet parler de l’importance de la société civile, étant donné le mépris dont elle a fait preuve» avec les minorités dans ce pays, selon l’une des responsables de l’ONG. Devant le Conseil, Mme Bachelet a affirmé que l’instance onusienne, «malgré les différences de ses membres», reste au centre de la «protection et la défense des droits humains». Celle-ci «a prouvé sa capacité à le faire», a-t-elle ajouté.
Parmi les ONG, certaines demandent déjà à M. Guterres une procédure de nomination plus ouverte. Il faut garantir que le prochain haut-commissaire soit indépendant, affirme le directeur exécutif du Service international pour les droits humains (ISHR), Phyl Lynch. Parmi les candidates possibles figure une ancienne ministre sud-coréenne et ex-numéro deux du Haut-Commissariat.
De son côté, la Suisse remercie la haut-commissaire pour son travail. «Nous espérons que le processus pour sa succession sera rapide et transparent», a affirmé hier la mission suisse à l’ONU à Genève, ajoutant que le moment «des bilans» n’est pas encore venu.
L’annonce énigmatique de Mme Bachelet, qui a provoqué une certaine perplexité parmi les Etats membres, ne l’a pas empêchée d’aborder un certain nombre de situations préoccupantes. ats
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