Logo

Musique

Les Pussy Riot à Genève. «Ne soyez pas indifférents»

Les activistes punk anti-Poutine étaient de passage à Genève. Opposées à la guerre en Ukraine, elles interpellent la population suisse. Rencontre

Diana Burkot, Taso Pletner et Lucy Shtein posent derrière l’Usine, à Genève.

 Roderic Mounir

Roderic Mounir

26 août 2022 à 15:49

Temps de lecture : 1 min

Musique » Elles résument leur philosophie en deux slogans: «Battez-vous pour les droits humains, l’activisme est sexy!» Militantes féministes et pro-LGBT, musiciennes et plasticiennes, Diana Burkot, Lucy Shtein et Taso Pletner étaient jeudi soir à l’Usine de Genève, invitées par PTR. On les rencontre juste après la balance. Leur performance se profile comme une éruption punk dadaïste, happening politique et fête electro-queer.

Olga Borisova et Maria «Masha» Alyokhina ne sont pas loin, en interview aussi. Masha fut l’une des Pussy Riot emprisonnées après la fameuse prière punk anti-Poutine déclamée dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, le 21 février 2012. Depuis, la plupart ont dû fuir, surtout depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine. Solidaires, les Pussy Riot repartent en tournée avec un spectacle basé sur le livre de Maria Alyokhina, Riot Days, pour réveiller les consciences.

Poutine à La Haye

«La propagande vide les mots de leur sens: la guerre c’est la paix, l’esclavage c’est la liberté» 
Pussy Riot

«On est très heureuses d’avoir un super public chaque soir, qui s’intéresse à la situation en Russie. Le livre de Masha est un manifeste politique, notre but est de donner envie de s’impliquer davantage, d’être indépendants d’esprit et engagés.» Ce soir, des visages de prisonniers d’opinion seront projetés pour briser le secret dans lequel le pouvoir russe veut les maintenir. «Beaucoup ont été envoyés en prison bien avant la guerre, à cause de leur opposition à Poutine, mais les peines se sont aggravées depuis.»

Les nouvelles lois répressives ont par exemple entraîné la condamnation du député moscovite Alexeï Gorinov à sept ans de prison, le 8 juillet dernier, pour avoir qualifié de guerre «l’opération spéciale» en Ukraine. Dans le climat actuel, pas question pour les Pussy Riot de rentrer au pays. «Nos familles, nos amis et notre culture sont là-bas, mais c’est trop dangereux actuellement pour qui critique le pouvoir et la guerre.» A moins d’un miracle, «quand le terroriste Poutine sera envoyé à La Haye (au Tribunal pénal international, ndlr) et que sa tyrannie prendra fin».

Mouvement antiguerre

Bien que peu présent dans les médias européens, un fort mouvement antiguerre existe en Russie, assurent les militantes. «La propagande selon laquelle 90% de la population soutiendrait la guerre est efficace, mais c’est faux. L’apathie n’est pas telle qu’on la décrit, beaucoup de recrues refusent d’aller se battre, mais le prix à payer est très élevé. D’autres, qui croyaient sincèrement combattre le nazisme en Ukraine, constatent une fois sur place que ce sont des mensonges, que la guerre fait de nombreuses victimes civiles et qu’il y a des exactions.»

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus