Un redémarrage scolaire en deux temps
Si le retour en classe est fixé au 11 mai pour l’école obligatoire, les étudiants du post-obligatoire attendront le 8 juin.
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Philippe Boeglin
16 avril 2020 à 23:19
Nos chères têtes blondes vont reprendre le chemin de l’école. Après des semaines d’enseignement par internet, l’école «classique» va recommencer, comprenez avec présence en classe. Le Conseil fédéral a annoncé ce jeudi un redémarrage en deux temps. L’épidémie de coronavirus faiblit, et le gouvernement estime que les restrictions de mouvement peuvent être levées petit à petit.
Le 11 mai, les écoles obligatoires seront à l’honneur. Puis le 8 juin, les niveaux post-obligatoires devraient suivre – écoles professionnelles, gymnases, hautes écoles, universités, etc. Attention: ces dates ne sont pas gravées dans le marbre. Le Conseil fédéral devra encore les confirmer, à la lumière de l’évolution de la maladie des voies respiratoires Covid-19.
Ne prend-on pas le risque de relancer l’épidémie? «La recherche scientifique confirme toujours davantage que les petits enfants n’attrapent souvent pas la maladie, et sont de très mauvais vecteurs de transmission», fait valoir Alain Berset, ministre de la Santé. «Pour les jeunes plus âgés, la situation est différente de ce point de vue. En outre, ces jeunes ont plus de contacts sociaux et se déplacent davantage.» C’est pourquoi le gouvernement opte pour un redéploiement en deux étapes, espacées l’une de l’autre, permettant de ne pas multiplier les mouvements de population d’un coup.
Cette stratégie reçoit le soutien du front. «Peu d’enfants ont contracté la maladie Covid-19, et ceux qui l’ont attrapée ont un adulte contaminé dans leur entourage direct. La transmission se produit donc d’adulte à enfant. Des études chinoises et italiennes le démontrent», relève Christoph Berger, chef infectiologue à l’hôpital pédiatrique de Zurich. «Les enfants ne tombent que très peu malades quand ils ont été infectés par le coronavirus. Sans symptômes, ils éternuent et toussent très peu ou pas du tout. Ils transmettent donc beaucoup moins le virus.»
Le professeur Antoine Flahault, de l’Institut de santé globale à l’Université de Genève, abonde. «Laisser les écoles primaires fermées aurait empêché le redémarrage d’activités dans de nombreux secteurs (de la vie économique et sociale, ndlr). Ou alors, il y aurait eu le risque que des grands-parents, plus à risque que leurs parents, gardent leurs petits-enfants, ce qu’il faut éviter en priorité.» La réouverture «est donc pragmatique et recevable. Elle doit bien sûr s’accompagner des mesures annoncées limitant les risques de résurgence épidémique.»
Imposer l’hygiène des mains et la distance physique de deux mètres entre chaque enfant, n’est-ce pas utopique? «Des mesures éducatives de protection devront être mises en place», répond le conseiller fédéral Alain Berset.
A l’échelon des cantons, on s’interroge. «Beaucoup de questions restent ouvertes: la règle des deux mètres de distance est-elle maintenue?», demande le Fribourgeois Jean-Pierre Siggen, membre du comité de la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique. «De même, Berne affirme que les petits enfants ne transmettent pas le virus. En est-il de même des adolescents de 13 à 15 ans, sous le régime de l’école obligatoire, qui recommenceront aussi l’école en premier?»
Sinon, le conseiller d’Etat fribourgeois salue «la reprise de l’enseignement avec présence en classe. L’école à distance a ses limites, surtout pour les plus petits, où la pédagogie représente un aspect essentiel».
L’épidémie de coronavirus a contraint les milieux de la formation à faire preuve d’imagination. Deux exemples ont été communiqués hier: les apprentis en examen final ne passeront que les épreuves pratiques, le volet scolaire étant validé par la note d’école et la note d’expérience. L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), quant à elle, repousse ses examens en août et prolonge l’enseignement à distance jusqu’au terme du semestre.
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