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Allemagne. L'Allemagne sous tension à la veille d'un scrutin crucial

Les partis allemands ont jeté samedi leurs dernières forces dans la bataille à la veille des législatives, pour lesquelles l'opposition conservatrice part favorite, malgré une poussée attendue de l'extrême droite dans un contexte tendu.

Le favori pour succéder au chancelier social-démocrate Olaf Scholz, le conservateur Friedrich Merz, prône un durcissement dans la lutte contre l'immigration illégale.KEYSTONE/EPA/GINTARE KARPAVICIUTE

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 11:45, mis à jour à 19:42

Temps de lecture : 1 min

Le résultat de ces élections s'annonce crucial au moment où l'Allemagne et l'Europe sont sonnées par les annonces fracassantes de l'administration de Donald Trump sur la guerre en Ukraine, les craintes de rupture du lien transatlantique et les menaces de hausse des droits de douane.

Le climat intérieur est aussi pesant dans ce pays endeuillé par plusieurs attaques meurtrières ces dernières semaines, qui ont ébranlé l'opinion et favorisé les mouvements de droite et d'extrême droite.

Une agression au couteau à caractère antisémite a été commise vendredi soir dans l'enceinte du Mémorial de l'Holocauste, un site emblématique au coeur de Berlin.

La ministre de l'Intérieur Nancy Faeser a dénoncé un "crime odieux". Le suspect, arrêté sur les lieux, est un réfugié syrien de 19 ans, doté d'un titre de séjour, qui a grièvement blessé au cou un touriste espagnol de 30 ans. Il voulait "tuer des juifs", selon la justice.

De l'autre côté du Rhin, à Mulhouse, dans l'est de la France, une attaque au couteau qualifiée par le président Emmanuel Macron d'"acte de terrorisme" et "islamiste" a fait samedi un mort et plusieurs blessés.

Pour un pays "sûr"

"Je veux que notre pays soit sûr", dit à l'AFP, Maximilian Fritsche, 29 ans, un artisan membre du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) participant à une manifestation dans la capitale allemande. Ce mouvement pourrait atteindre un score record d'au moins 20%, selon les sondages.

Face à cette poussée, le favori pour succéder au chancelier social-démocrate Olaf Scholz, le conservateur Friedrich Merz, prône un durcissement dans la lutte contre l'immigration illégale.

"Demain, nous allons remporter les élections législatives et le cauchemar" qu'incarne selon Friedrich Merz le gouvernement Scholz "appartiendra à l'histoire", a assuré le conservateur samedi à Munich, au cour de son dernier meeting électoral.

Les sondages le créditent invariablement d'environ 30% des suffrages. Mais, pour gouverner, il aura besoin de s'allier à au moins un autre parti pendant des négociations qui devraient durer plusieurs semaines. Après un début de rapprochement au Parlement pendant la campagne avec l'AfD, il exclut une coalition avec elle.

Retour en Europe

Friedrich Merz a aussi promis samedi de remettre l'Allemagne au centre du jeu européen, après les années Scholz, souvent critiqué pour sa discrétion et son absence de propositions dans l'UE.

"Je vais, en tant que chancelier allemand, à nouveau activement participer à la définition de la politique européenne et avec moi, l'Allemagne aura à nouveau une voix forte au sein de l'Union européenne", a-t-il dit.

Rarement dans une Allemagne éprise de compromis et de grandes coalitions associant la droite et la gauche, les débats n'ont été aussi polarisés et percutés par l'actualité internationale.

L'onde de choc des premières semaines de mandat de Donald Trump a bousculé la campagne électorale marquée par des ingérences inédites de Washington dans le débat politique, également sous influence de campagnes de désinformation russes.

Le vice-président américain JD Vance et le multimilliardaire Elon Musk, un conseiller de Donald Trump, ont pris fait et cause pour l'AfD.

De son côté, Olaf Scholz paraît avoir fait son deuil d'une victoire. Il s'est borné samedi à demander "un mandat fort" pour peser dans les négociations à venir sur la constitution d'une coalition, dans le cadre desquelles son parti social-démocrate (SPD) pourrait s'allier avec les conservateurs.

Le SPD n'est crédité dans les sondages que de la troisième place (15%), ce qui serait une débâcle historique.

Il fait aussi les frais de la morosité économique, avec deux années de suite de récession.

"J'espère que nous ne glisserons pas trop à droite et que nous pourrons former un contrepoids fort aux Etats-Unis", déclare à l'AFP un sympathisant du SPD, Stephanus Remmert.

Friedrich Merz souhaite former un gouvernement d'ici à la fin avril. Un pari qui dépendra beaucoup des scores des petites formations politiques, telles que le FDP (libéral) et le parti populiste de gauche BSW : si elles dépassent le seuil des 5%, elles seront représentées au Bundestag, la chambre basse du Parlement, et rendront plus délicate la constitution d'une majorité politique stable, dans une Europe déjà déboussolée.