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Suisse

Le tandem de gauche triomphe

La division de la droite a facilité la victoire du PS et des Verts. L’Entente PDC-PLR est remise en question


 Rachad Armanios

Rachad Armanios

11 novembre 2019 à 02:01

Genève » La gauche conserve son monopole au Conseil des Etats à Genève. Au second tour hier, le duo formé par Lisa Mazzone (45 998 voix) et Carlo Sommaruga (41 839 voix) a conservé la très confortable avance gagnée au premier tour. L’Entente bourgeoise, composée du PLR Hugues Hiltpold (27 297 voix) et de la PDC Béatrice Hirsch (22 960 voix), a perdu son pari de remobiliser l’électorat de droite. L’UDC Céline Amaudruz (21 926) talonne de peu la PDC, ne faisant pas démentir l’ordre d’arrivée au premier tour. Le taux de participation est encore moindre que le 20 octobre, passant de 39% à 32,8%.

La verte Lisa Mazzone, 31 ans, se détache nettement en tête. La conseillère nationale succédera à Robert Cramer, premier écologiste en Suisse à avoir accédé à la Chambre haute du Parlement fédéral et qui y aura siégé douze ans.

Carlo Sommaruga, 60 ans, avocat et secrétaire général de l’ASLOCA romande, arrive deuxième. Pour la première fois, le Parti socialiste passe derrière son allié vert, ce dernier étant porté par les fortes préoccupations climatiques. Conseiller national depuis seize ans, Carlo Sommaruga espère siéger aux Etats deux législatures – une durée nécessaire pour faire du bon travail, dit-il. «Puis on verra si des forces vives me demandent de céder la place.» Il remplace Liliane Maury Pasquier, qui quitte la Berne fédérale après vingt-quatre ans.

L’adhésion à un projet

«Il y a eu une forte adhésion à notre projet environnemental et social, une fibre que Genève apporte à la Suisse comme on l’a vu à travers des initiatives populaires», analyse, à chaud, Lisa Mazzone, après une arrivée triomphale avec son colistier dans la salle mise à disposition de la presse et du public en Vieille-Ville.

A droite, le perdant Hugues Hiltpold relève un certain paradoxe puisque la gauche, minoritaire dans le canton, dame le pion à une droite majoritaire mais qui n’a pas passé l’épaule, contrairement au canton de Vaud. L’affaire Pierre Maudet a-t-elle pesé dans la défaite? «En distribuant tous les jours des tracts, j’ai senti assez fortement que cela a poussé des gens à ne pas aller voter. C’est injuste que la facture soit payée par les suivants.» L’architecte Hugues Hiltpold quittera-t-il la vie politique? «C’est mon premier échec électoral en dix-huit ans, je dois en prendre la mesure. J’ai été dix-huit ans au soleil, les prochaines années seront dans l’ombre, on verra bien, je serai davantage architecte.»

Président du PLR, Bertrand Reich explique la défaite «par la faible participation de notre électorat qui témoigne d’un désamour pour le PLR. Nous devons en tenir compte et écouter le message reçu. Il est clair que la désunion de la droite a aussi joué un rôle important dans ce résultat. Nous devons apprendre de nos erreurs pour le futur.» Il espère qu’à l’avenir un «accord de désistement pour le mieux élu à droite au premier tour» puisse avoir lieu, un clair appel du pied à l’UDC qui a coupé court à ce scénario quand Céline Amaudruz a rapidement fait savoir qu’elle se maintiendrait au second tour. «L’UDC a préféré qu’il n’y ait personne représentant la droite, c’est un choix politique.» «Je déplore que la droite genevoise ne puisse travailler ensemble et ce malgré l’appel du pied que j’ai fait depuis le début de ma présidence et rappelé encore (et encore) au soir du premier tour, au président du PLR, Bertrand Reich», communique pour sa part Céline Amaudruz .

Quant à l’Entente, «a-t-elle encore un sens, une utilité? demande Bertrand Reich. Nous venons de prendre une baffe, laissez-nous deux semaines pour analyser le résultat.»

Un ticket contesté

Ce n’est manifestement pas l’avis d’une partie du PLR puisque, durant l’entre-deux tours, des appels émanant de libéraux-radicaux pour choisir Amaudruz et Hiltpold, ou seulement ce dernier, ont contesté la stratégie du ticket de l’Entente, fondée sur les valeurs communes. «Manifestement, une partie du PLR m’a lâchée, déplore Béatrice Hirsch. Si la droite a perdu, poursuit-elle, c’est bien face à la vague verte. L’électorat jeune et progressiste a voté pour Lisa Mazzone, qui a entraîné Carlo Sommaruga, tandis qu’il semble que la droite n’ait même pas bénéficié d’un report de voix des Vert’libéraux.»

«L’Entente a vécu»

Béatrice Hirsch balaie toute perspective d’une entente stratégique avec l’UDC: «L’UDC a plus de convergence avec l’extrême gauche qu’avec moi. Voyez l’enjeu européen. Je ne veux pas dire à mes électeurs de préférer Céline Amaudruz à Lisa Mazzone, car je ne m’y retrouve pas moi-même. Je n’ai aucune convergence avec la vision de société fermée de l’UDC.»

La démocrate-chrétienne va plus loin: selon elle, «l’Entente au niveau cantonal a vécu. Le PLR est plus proche de l’UDC que du PDC. Après les municipales, nous devrions faire comme au niveau suisse, une alliance plus consensuelle au centre avec les Vert’libéraux et le PBD.» Une ligne également défendue par les instances dirigeantes du parti, explique le secrétaire général Nicolas Fournier. Cette stratégie avait été refusée en avril par la base du parti. Le courrier

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