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Hockey sur glace

«Remettre un agenda dans ma vie»

A l’heure de quitter la présidence de Fribourg-Gottéron, Michel Volet évoque son expérience et sa fatigue

Si Michel Volet a parfois mal dormi, c’est en raison des soucis d’argent.

 Patricia Morand

Patricia Morand

3 juillet 2019 à 00:58

Hockey sur glace » Entré au Conseil d’administration de Gottéron le 7 juillet 2010, Michel Volet a assuré deux fois l’interim sur le trône avant d’être nommé président le 1er juillet 2015. A l’heure de transmettre le témoin au Singinois Hubert Waeber, ce mercredi soir lors de l’assemblée générale du club, le Broyard installé à Charmey revient sur son parcours avec les Dragons.

Lire aussi » Je veux être un président rassembleur (1.07.2015)

Michel Volet, y a-t-il une chose que vous referiez différemment?

Je n’aurais pas accepté le départ de Gerd Zenhäusern en septembre 2016. Nous aurions dû lui demander de rester à la tête de la première équipe jusqu’à la fin de la saison. La déstabilisation engendrée par ce changement a été plus importante que je l’imaginais. J’ai détesté cette saison-là.

Gottéron rime avec émotion et passion, les critiques faisant partie du quotidien. Comment y avez-vous fait face?

La critique est la première forme d’amour. C’est plus simple d’aborder les choses sous cet angle. La critique ne m’a jamais empêché de dormir, les soucis d’argent oui. Et puis, elle est justifiée s’il y a eu des erreurs. Ouvrir un restaurant à Romont a été un échec, par exemple.

Je ne vais pas sur les réseaux sociaux. On m’a transmis des commentaires, souvent anonymes. Ces gens qui n’ont pas le courage de dire les choses en face me font rire. Cette expérience à Gottéron m’a fait grandir. J’étais moins patient il y a dix ans.

Dans quel état d’esprit transmettez-vous le témoin à votre successeur?

Hubert Waeber est la bonne personne, à la bonne place au bon moment. Au Conseil d’administration depuis quatre ans, il va continuer sur le chemin tracé. A titre personnel, c’est un énorme soulagement. Je n’ai plus besoin de me soucier de l’argent qui manque et du budget. Je me réjouis de tourner la page.

Allez-vous remarquer une différence, sachant que vous avez bien d’autres cordes à votre arc?

En 2010, je bossais à 80-90% pour New Work. Après deux ans à Gottéron, je consacrais 80% de mon activité au club. Aujourd’hui, mes autres engagements sont annexes. Voilà neuf ans que je me lève en me souciant de mon prochain rendez-vous, lié au club. J’en ai eu un peu moins ces dernières semaines. Ce sera intéressant d’en discuter dans un mois.

Quelle était votre vision de Gottéron en entrant au conseil d’administration?

Une énorme machine, sympathique, ralliant tout un canton. Ma vision était un peu naïve. J’avais l’impression que tout roulait et que tout continuerait.

« J’ai découvert les codes du sport professionnel »

Michel Volet

J’ai découvert les codes du sport professionnel. J’ai été choqué de voir les joueurs éloignés les uns des autres pour prendre leur petit dejeuner, sans discuter. J’ai vite compris: ils sont toute la journée ensemble et, comme dans n’importe quel métier, il y a ceux avec qui on boit un café et les autres qui ne sont que des collègues.

Quel Gottéron quittez-vous?

Nous sommes beaucoup mieux structurés, presque prêts, un jour, à assumer un titre. Les clubs ayant du succès sur la durée ne sont pas seulement ceux possédant une belle équipe. Ils ont des employés professionnels. En 2010, l’entraîneur Serge Pelletier était directeur sportif. On n’avait pas de responsable et d’entraîneurs pros dans le secteur de formation. On n’avait pas non plus de directeur général. On se partageait le bureau avec Laurent Haymoz, Raphaël Berger, une comptable à mi-temps et un apprenti. Aujourd’hui, les bureaux fourmillent. Ce Gottéron, où les autres clubs pouvaient se servir ou refourguer des joueurs qu’ils ne voulaient plus, s’est professionnalisé.

Vous avez déclaré vouloir être un président rassembleur. Objectif atteint?

Une collaboration a été instaurée avec le sud du canton et les Griffons, ainsi que la Singine, pour la formation. J’ai essayé d’être proche des fans. J’ai reçu des centaines de remerciements, signe que je n’ai pas fait tout faux. Mais le travail n’est pas fini.

Resterez-vous dans le hockey?

Il y a toujours une cause qui me fait avancer, un challenge, de l’adrénaline. A 53 ans, j’espère encore vivre quelque chose. Je fais déjà partie d’une ou deux commissions au niveau du hockey suisse. On m’a demandé de plancher sur quelques dossiers. Il est convenu que j’aille manger avec Michael Rindlisbacher (président de la Fédération suisse) durant l’automne.

Endosserez-vous de nouvelles responsabilités dans le monde sportif?

Je veux prendre le temps. Quelle énergie vais-je retrouver? J’ai besoin de me ressourcer. Si je m’engage, je le fais à 200%. Donc aujourd’hui, je ne suis prêt à rien, mais je me connais trop. Depuis gosse, je n’ai jamais pu rester tranquille.

Assisterez-vous aux rencontres des Dragons?

Le plus possible, mais moins à l’extérieur. Je dois prendre de la distance et remettre un agenda dans ma vie.

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