Le soldat Ryan pour «sauver» Gottéron
En quête d’un jeu de puissance efficace, Gottéron mise sur Gunderson, dont les débuts sont encourageants
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Pierre Schouwey
2 septembre 2019 à 00:51
Hockey sur glace » D’un tir du poignet anodin dévié par un adversaire à égalité numérique, Ryan Gunderson a marqué son premier but sous les couleurs de Fribourg-Gottéron, lequel a disputé – et gagné – son avant-dernier match de préparation samedi (lire ci-dessous). En six apparitions, le nouveau défenseur étranger des Dragons a déjà montré, bien qu’avec parcimonie, ce pourquoi il avait été principalement engagé: ressusciter un jeu de puissance qui avait éprouvé maintes difficultés la saison passée. Cancres de National League avec un homme de plus sur la glace, cancres également en infériorité numérique, les Fribourgeois n’ont pas eu besoin de chercher bien longtemps la raison principale pour laquelle ils avaient raté le train des play-off. D’où le remplacement du fiable – Gottéron possédait la troisième meilleure défense du championnat – mais trop peu créatif Jonas Holos par l’Américain de 34 ans.
Qui dit situations spéciales, dit profil spécifique nécessaire. «Difficile à passer en un contre un» selon les premières observations de Benjamin Chavaillaz, Ryan Gunderson n’a pas tardé, malgré son gabarit modeste (1 m 77, 78 kg), à charmer Christian Dubé. «Il contrôle le jeu, sa façon de bouger à la ligne bleue est exceptionnelle. Son tir, du poignet ou frappé, peut faire des dégâts.» Et Mark French de valider puis compléter le descriptif de son directeur sportif: «Son point commun avec Holos, c’est la qualité de patinage. Son impact offensif semble indéniable, mais je le vois avant tout comme un arrière complet et défensivement au point.»
« Son tir, du poignet ou frappé, peut faire des dégâts »
Christian Dubé, à propos de Ryan Gunderson
Un passé d’attaquant
Avec son nouveau quatuor étranger à la baguette, Gottéron veut croire en sa bonne étoile. Mais là où David Desharnais, Viktor Stalberg et Daniel Brodin sont importants, comme ils n’ont cessé de le rappeler samedi à Yverdon, Ryan Gunderson s’avère essentiel, même si cela reste à confirmer. Des défenseurs offensifs, indispensables au hockey d’aujourd’hui, le Dragon n’en possède qu’un. Un de plus qu’il y a douze mois. «Je connais les attentes à mon égard, souffle l’intéressé. Je ne ressens pas une pression particulière. Je m’en mets suffisamment sur mes propres épaules pour que celle venant de l’extérieur ne me perturbe pas.»
De sa palette, qui distribue en moyenne 25 assists par saison ainsi qu’une petite dizaine de goals, doit venir la lumière. A Brynäs, son ancien employeur, le natif de Bensalem en Pennsylvanie s’est imposé comme l’un des plus prolifiques arrières du championnat de Suède en termes de points (224, dont 47 buts, en 360 matches). Son secret? «Je ne vais rien vous apprendre: tirer le plus souvent possible et faire le décalage quand il s’impose. Il faut aussi être capable de bouger ses pieds pour trouver les lignes de tir. Des qualités que j’ai développées en évoluant comme attaquant avant de redescendre d’un cran à l’époque du collège.»
Une période estudiantine durant laquelle il a fréquenté, quatre ans, l’Université du Vermont. S’ensuivront deux saisons à essayer de creuser son trou en AHL. Aussitôt parvenu à ses fins, Gunderson entamait son périple scandinave entrecoupé de deux aventures en KHL, sous la bannière de Jokerit puis sous celle de Minsk. Sans rêver à aucun moment de la NHL. «J’imagine que je n’étais simplement pas assez bon. J’ai grandi sur le tard, vers 17 ans, et il m’a fallu du temps pour arriver à maturation, sans compter que je n’ai jamais été drafté…»
Pas un Miller bis
Comme le bon vin, le soldat Ryan se bonifie avec les années. Ses statistiques tendent à le confirmer. «J’espère pouvoir jouer jusqu’à 40 ans, dit-il sans sourciller. Hormis un bras cassé il y a quatre ans, je n’ai plus subi de blessures significatives depuis un bout de temps. Je me sens bien dans mon corps, alors pourquoi pas?» Une santé de fer qui atténue certaines critiques émises quant à son âge «avancé» au moment de son recrutement. Un engagement officialisé ce printemps mais acté bien avant. «J’étais en discussion avec le club quand j’ai participé aux Jeux olympiques – un rêve que je ne pensais pas réalisable – avec Jim Slater. Il ne m’a dit que des bonnes choses à propos de Fribourg.» Le plaidoyer de l’ancien attaquant des Dragons a convaincu son compatriote de quitter son nid douillet, où il n’avait plus rien à prouver.
Installé à Granges-Paccot au même titre que les autres mercenaires fribourgeois, Ryan Gunderson, récemment rejoint par sa copine… suédoise, mène une vie tranquille, à l’image du personnage, simple et sans prise de tête. «J’aime explorer un peu le pays dans lequel je vis, mais je ne fais pas le fou pour autant. Je suis plutôt du genre à me reposer et lire chez moi entre les entraînements…»
Tout le contraire d’un autre Américain, Andrew Miller, qui aura davantage marqué son passage à Saint-Léonard par son empreinte carbone que par sa régularité. «Je ne le connais pas personnellement, mais les gars m’ont parlé de lui. Certains peuvent se le permettre, pas moi. Sinon, je perds trop d’énergie», rigole-t-il.
De quoi se concentrer plei-nement sur la lourde tâche qui lui incombe: transfigurer le plus mauvais power-play de la ligue.
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