Logo

Hockey sur glace

La plus belle et étrange des défaites

C’est officiel: Gottéron disputera les play-off grâce au point arraché à Berne dans un contexte particulier


 Pierre Schouwey, Berne

Pierre Schouwey, Berne

29 février 2020 à 02:01

Hockey sur glace » Fribourg-Gottéron n’est pas près d’oublier ce 28 février 2020. Ce jour unique dans l’histoire du hockey suisse où, dans une PostFinance Arena qui sonnait creux, les Dragons ont souffert en silence (38 tirs à 19 pour Berne) sans sourciller. Recroquevillés autour d’un Reto Berra «à qui l’on doit dire merci», Ralph Stalder et ses coéquipiers sont repartis avec ce qu’ils étaient venus chercher. A savoir un point, qu’ils ont chéri jusqu’à la dernière seconde du temps réglementaire, validant ainsi leur place en play-off sans demander l’aide de personne. La défaite sur le plus petit des scores concédée après 32 secondes de prolongation? Anecdotique.

Sauf pour l’Ours, qui ne lâche ainsi qu’une unité à Lugano avant la dernière journée. «C’est sûrement la plus belle défaite de ma carrière, ose Christian Dubé. Quoique, il y en a peut-être eu une sur le score de 6-5 durant laquelle j’avais marqué cinq buts.» L’heure est à la plaisanterie, mais aussi à l’émotion pour le directeur sportif de Gottéron, doublé d’une casquette d’entraîneur depuis le 5 octobre 2019. «Le coaching staff et les joueurs se sont donnés corps et âme. Ce que nous faisons depuis un mois et demi, c’est tout simplement exceptionnel.»

«Je suis orgueilleux»

Pour le Québécois, il s’agit d’une petite revanche personnelle: «Bien sûr que c’en est une. Je suis orgueilleux. Quand on me challenge, je suis prêt à répondre. C’était le plus gros défi de ma carrière et sincèrement, je suis passé par des moments très difficiles. Nous sommes une grande famille et je suis très fier d’en faire partie.»

Au bord de la crise de nerfs à la mi-janvier, Gottéron a réalisé un sprint final époustouflant, collectant 29 points en 14 rencontres. «L’équipe a bien grandi ensemble et prouvé qu’elle avait un cœur énorme», savoure Reto Berra, l’homme sans lequel la transfiguration du Dragon ne serait jamais intervenue.

La réception demain soir de Genève, qui se tiendra également à huis clos en raison de la menace liée au corona-virus, aura pour seul but de définir l’adversaire des Dragons en quart de finale. Si play-off – dont le format et la date de début restent à définir – il y a, car l’incertitude demeure (lire en page 5). «Peu importe de qui nous héritons», répond Dubé quand il lui est demandé s’il a une préférence entre Zoug, Zurich, Davos ou Genève. «Les gars évoquaient la cinquième place dans le vestiaire avant le match, je ne nous vois pas céder à la suffisance.»

Comme à l’entraînement

Assurée de terminer au pire septième et au mieux sixième, l’escouade fribourgeoise, désormais délestée de toute pression, a de la suite dans les idées. Mais avant de se projeter, elle prend le temps d’apprécier sa fructueuse renaissance. «Nous avons retrouvé le vrai Gottéron. Celui qui est uni et amène des émotions à son public», souffle de bonheur Julien Sprunger, frappé comme tout le monde par le contexte particulier de ce sixième derby des Zaehringen de l’exercice. «Un silence de cathédrale dans un chaudron, c’était étrange.» Ralph Stalder ajoute: «Au début, j’avais l’impression d’être à l’entraînement. Sauf qu’en face, c’était Berne!»

La formation d’Hans Kossmann aurait-elle pu faire la différence plus tôt avec l’appui de son bruyant public? Peut-être. Mais mieux vaut ne jurer de rien avec cette très solide équipe fribourgeoise, qui avait de toute manière son billet pour les play-off en poche compte tenu de la défaite de Lausanne à Genève. Une qualification – la quatrième depuis la finale de 2013 – amplement méritée au terme de la plus belle et étrange des défaites.

Oui, Gottéron se souviendra longtemps de ce 28 février 2020.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus