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Football

Ils racontent leur quartier et ses clichés

Le FC Schoenberg brille grâce à ses trois stars. Mais aussi grâce à sa première équipe, finaliste de la Coupe

Adao, Pinga et Mambimbi, trois joueurs pro du Schoenberg avant la finale de coupe fribourgeoise Photo Lib / Charly Rappo, Fribourg, 27.05.2019Charly Rappo

 Pierre Schouwey

Pierre Schouwey

28 mai 2019 à 22:06

Coupe fribourgeoise » Ils sont les visages de la réussite du FC Schoenberg. Originaires du quartier, Joaquim Adao (Sion), Aimery Pinga (Sion et Grasshopper) et Felix Mambimbi (YB) ont chacun goûté à la Super League. «Ce qui fait du Schoenberg le club fribourgeois le mieux représenté dans l’élite du pays», s’empressent-ils de rappeler. La recette miracle? «Mettez dans une casserole un mélange de cultures, mélangez et vous obtiendrez la potion magique d’Astérix.»

Lundi, ils ont accepté de se retrouver au terrain de Mon-Repos, poumon d’un quartier, où, pour eux, tout a commencé. Partis rapidement dans une structure plus adaptée à leur talent, les trois hommes ont, très jeunes déjà, quitté le nid. «Et on ne voulait pas! Ici, on gagnait tout. J’avais l’impression que ce ne serait pas mieux ailleurs», explique Aimery Pinga (21 ans), le plus discret de la bande derrière le «papa» Joaquim Adao (26 ans) et le p’tit dernier mais pas le moins facétieux, Felix Mambimbi (18 ans).

Les faux passeports

Déconnecté des réalités bucoliques du foot de talus, le trio replongera dans ce terreau, le temps d’une nuit, à l’occasion de la finale de la Coupe fribourgeoise qui opposera Piamont au Schoenberg. «Nous serons là, avec fumigènes et tout, prêts à envahir le terrain», plaisante Mambimbi. «Si je pouvais jouer cette finale, je serais le plus content du monde, enchaîne Adao. Pourquoi pas sous une fausse identité?» Première explosion de rires d’une discussion qui durera plus d’une heure.

Les joueurs alignés dans des équipes avec lesquelles ils n’avaient plus l’âge d’évoluer grâce à un faux passeport: l’un des nombreux clichés associés au club de la «jolie montagne». A tort ou à raison? Réponse collective: «Ce n’est un secret pour personne. Aujourd’hui, on peut le dire, car il y a prescription: certaines équipes ont perdu quelques points contre nous à cause de ça.»

Et Adao de sortir sa plus belle anecdote: «Je me souviens d’un match où cinq joueurs évoluaient sous une fausse identité. Dans le vestiaire, on leur faisait apprendre leur nouvelle date de naissance par cœur. Au moment du contrôle de l’arbitre, c’est un coéquipier à la licence parfaitement réglementaire qui avait oublié sa propre date de naissance! Tu ne vois ça qu’au Schoenberg.» Autant de petites filouteries qui ont forcément éveillé les soupçons. Même Felix Mambimbi, toujours surclassé parce qu’hyperdoué, était suspectée d’être plus vieux que sa petite taille ne le laissait croire. Tout comme Aimery Pinga, lequel était en revanche systématiquement plus grand que la moyenne. «Aimery, il a gagné plusieurs Sekulic à lui tout seul. Il jouait aux buts, marquait les penaltys, défendait», raconte Adao. «En même temps, quel footballeur du Schoenberg n’a jamais gagné le Sekulic?», demande alors le cadet. «Moi, avoue l’aîné. J’en pleure encore aujourd’hui…»

«Ce n’est pas un mythe, mais bien une réalité: nous avons été jusqu’à une dizaine dans la Mazda 2, prévue pour cinq personnes.»

Ecrasé dans le coffre

Au Schoenberg, où le terrain grouille d’enfants une fois l’école terminée, le talent n’a jamais manqué. Au contraire des voitures pour les rencontres à l’extérieur: «Ce n’est pas un mythe, mais bien une réalité: nous avons été jusqu’à une dizaine dans la Mazda 2, prévue pour cinq personnes. Alors, qu’avec d’autres, j’étais écrasé dans le coffre, nous empruntions toutes les petites routes du coin.»

Habitué au système D, le FC Schoenberg a aussi connu des heures moins drôles. Une rixe à la fin d’un match à Wünnewil avait, en 2007, mis à mal son image. «Cet épisode a marqué au fer rouge tout le quartier. Mais nous sommes passés à autre chose, estime Felix Mambimbi. Ici, on renaît toujours de nos cendres.» Joaquim Adao abonde: «Les mentalités commencent à changer. Avant, nous étions la montagne, pas Fribourg. Depuis la construction du pont de la Poya, le centre-ville est à 5 minutes. N’importe qui vient s’installer ici.»

Retrouvailles en Coupe?

En soulevant la coupe, le FC Schoenberg s’offrirait une magnifique vitrine. Et ouvrirait un nouveau chapitre à son histoire, loin de la réputation sulfureuse qui lui est affublée. «Mais laissons vivre encore un peu ces clichés, même si de nos jours, ils sont devenus faussés, souffle Adao. Comme ça, la nouvelle génération fera toujours peur avant de jouer!»

Le trio l’assure: il a envie de donner, un jour, un peu en retour de ce que son club d’enfance lui a offert. Reste que les retrouvailles pourraient avoir lieu plus vite que prévu. En cas de victoire ce soir, le Schoenberg serait qualifié pour le premier tour de la Coupe de Suisse. Avec la perspective d’affronter Sion, YB ou la future mouture de l’une des trois stars du «bled». «Il faudrait pouvoir le disputer ici… Imaginez un match de Coupe de Suisse à Mon-Repos. Il y aurait 60 000 spectateurs.» Que les organisateurs du côté de Lentigny se rassurent: ils seront un peu moins sur le coup de 20 h mercredi. Mais assez pour faire vaciller le favori Piamont?


Au programme

Finale de la Coupe fribourgeoise des actifs, à Lentigny:

Piamont - Schoenberg mercredi 20 h

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