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Société

Traquer les «imposteurs du bio»

Un ex-trader de l’agroalimentaire livre une enquête décapante sur le greenwashing de la malbouffe


Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

4 mars 2021 à 18:32

Temps de lecture : 1 min

Consommation » «Plus personne n’ignore les ravages sanitaires causés par l’industrie de la malbouffe, directement responsable de l’épidémie mondiale de diabète de type 2, de nombreux cas d’obésité, de maladies de Crohn, d’allergies et d’intolérances diverses, de cancers colorectaux et digestifs et autres maladies cardio-vasculaires.» L’auteur s’appelle Christophe Brusset, ancien trader de l’agroalimentaire… reconverti en lanceur d’alerte après avoir vu trop de scandales. Il a publié Vous êtes fous d’avaler ça puis, Et maintenant on mange quoi? Voici Les imposteurs du bio, sa troisième enquête sur les produits malsains ou suspects… qui envahissent même nos rayons «bio». Interview.

Sans même parler de l’influence de la publicité, on se fait beaucoup d’illusions dans le domaine de l’alimentation, sur le côté généreux, gourmand et naturel des produits mis en vente… pourquoi?

Christophe Brusset: Pour beaucoup d’agriculteurs, il y a un réel engagement dans leur manière de travailler de façon responsable. Et c’est vrai que du côté des consommateurs, on a tendance à idéaliser le monde agricole et les produits bio. Je ne veux pas être négatif mais simplement, rappeler que la réalité est plus complexe. Il ne faut pas oublier que pour beaucoup d’exploitants, producteurs et distributeurs actifs dans ce secteur, c’est aussi juste un travail comme un autre, dont il faut tirer un maximum de profits. Je donne l’exemple des salades bio en sachet plastique. J’ai été frappé le jour où un des responsables marketing de la boîte où je travaillais a choisi de changer d’emballage, rien que pour l’esthétique. Sans tenir compte du fait qu’il ne serait plus recyclable.

Vous lui avez fait la remarque, et il vous a répondu: «On s’en fout, c’est le visuel qui compte»…

Tout ce que j’ai écrit dans mes livres est d’abord tiré de mes propres expériences. J’ai commencé à travailler en 1993 dans l’industrie agroalimentaire, pour au moins six grandes sociétés — un peu plus en fait, avec les rachats et fusions, il m’est arrivé de changer soudain d’employeur tout en continuant à travailler dans le même bureau… J’ai vu comment les dirigeants de ces entreprises s’organisaient pour ne pas perdre certains produits, être plus compétitifs, dégager des marges plus importantes. Ce qui me choque le plus dans les produits alimentaires, c’est l’utilisation massive de la chimie, avec des centaines d’additifs: plus de 350 additifs autorisés en Europe, sans se poser la question de leur dangerosité. C’est légal et pourtant, nocif.

Vous avez passé 25 ans à travailler en France dans le secteur… quelles sont vos pires découvertes?

Il y en a plein! La présence de nanoparticules de dioxyde de titane (l’additif alimentaire E171 utilisé notamment dans les yaourts, confiseries, glaces, céréales… avant son interdiction dès 2020, en raison de ses possibles effets cancérogènes, ndlr), les colorants azoïques, qui ont des effets sur le système nerveux des enfants mais sont utilisés dans tout ce qui est confiserie, tous les produits dangereux mais pas interdits, les auxiliaires technologiques, qui servent de support à la préparation ou la transformation d’aliments, mais sans obligation d’être légalement mentionnés dans les ingrédients…

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