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Société

Samuel Losada, de la cité à la City

Fils d’immigrés espagnols, le Romontois de 43 ans fait carrière dans la banque d’affaires, à Londres

Ici sur un des escaliers du château, Samuel Losada revient à Romont à chaque fois qu’il le peut.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

13 août 2023 à 14:30

Temps de lecture : 1 min

Portrait » Il incarne le «rêve américain», cette façon qu’ont les Anglo-Saxons de flatter les self-made-men: ces gens qui, partis de rien, gravissent les échelons les uns après les autres pour finir par s’asseoir au sommet. Avec le ciel pour seule limite. «Me femme pense que je suis mû par cette idée d’avoir quelque chose à prouver. Il y a un peu de cela, oui», convient Samuel Losada, assis dans un tea-room de la Vieille-Ville de Romont, où il a grandi.

Précision: si, à l’exception de ce mur de briques orange dont il ne connaissait pas l’existence, le château n’a plus de secret pour lui, si l’école située un peu plus bas fait remonter à son front dégagé de vibrants souvenirs («en face, on allait Chez la Berthe, un kiosque où l’on achetait des bonbons»), celui qui occupe le poste de Global Head of Equity Solutions à la banque Morgan Stanley, à Londres, n’a pas grandi dans la Vieille-Ville, mais dans «une tour près de la Migros, à la Condémine».

Un petit trois-pièces

«Mon grand frère, mes parents et moi logions dans un petit trois-pièces. Ma chambre, c’était le salon. Quant à mon lit, il était encastré dans une armoire murale. On devait le baisser pour pouvoir se coucher», rigole-t-il avant d’ajouter: «Attention, nous n’étions pas des mendiants non plus! Mais il est vrai qu’il fallait s’accrocher: rien n’était acquis ni ne nous était donné. Mon père travaillait chez Electroverre, ma mère, elle, faisait des ménages. Le soir, ils allaient nettoyer les bureaux de l’usine de mon père, entre 17 h et 19 h 30. Souvent, j’allais les aider. Pendant les vacances aussi. Mon premier salaire, c’était 11 francs de l’heure.»

Le Glânois confesse gagner «confortablement» sa vie, mais ne renie pas pour autant son enfance, qu’il qualifie d’heureuse. «Mes parents sont d’origine espagnole: ils sont arrivés en Suisse dans les années soixante, reprend-il. Le quartier lui-même était en majorité composé d’immigrés italiens, portugais ou de l’ex-Yougoslavie. Il y a eu quelques moments tricky (scabreux), mais le quotidien était fait de plaisirs simples, d’après-midi entiers passés à jouer dehors ou sur le terrain de football du coin, par exemple. Aujourd’hui, c’est différent. Il faut souvent planifier les activités. C’est drop off (déposer) et pick up (rechercher) partout et tout le temps.» Soupir.

Fulham et Chelsea

Aujourd’hui, Samuel Losada est marié à une citoyenne de Romont, comme lui, avec laquelle il a eu deux enfants. Et s’il parsème ici et là son discours de paroles en angliche, c’est parce qu’il est installé à Londres depuis vingt ans. «J’habite à mi-distance entre les stades de Fulham et de Chelsea», précise cet amateur de ballon rond, mais aussi de hockey sur glace. Global Head of Equity Solutions, au fait, qu’est-ce que c’est? «Si tu commences à traduire, ça fait vite gnangnan, répond-il, amusé. Disons que je suis responsable d’équipes basées à Londres, à New York et à Hong Kong. Quant au job en lui-même, il consiste à conseiller des entreprises, des fonds souverains, des gouvernements mais aussi des familles sur des opérations de marché, des investissements ou sur la manière de financer ceux-ci.»

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