Quand le blues rime avec la frousse
À l’approche d’Halloween, la Page Jeune informe sur les chansons qu’il faut absolument avoir sur sa playlist de la flippe !
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Yvan Pierri
31 octobre 2022 à 12:23
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St-James Infirmary Blues, Cab Calloway
Il est drôle de constater à quel point cet amuseur de foule qu’était l’immense Cab Calloway n’hésitait pas à injecter de la noirceur dans ses morceaux emblématiques. Si les références au sexe et à la drogue sont souvent au rendez-vous chez le vieux Cab, l’ambiance musicale est généralement au beau fixe et l’instrumentation des plus festives. Ainsi, ce St-James Infirmary Blues fait un peu figure de pas de côté dans son catalogue. Si le compositeur tire toujours merveilleusement bien partie de son talent d’arrangeur ainsi que de son orchestre, il le fait ici pour installer une ambiance lourde et inquiétante où il est question de la clinique St-James, établissement métaphorique faisant référence aux hôpitaux où étaient traitées les maladies vénériennes. Le narrateur, saoul comme un dindon, y évoque la mort de sa “chère et tendre” ainsi que la sienne, prochaine, s’attardant copieusement sur les détails de son enterrement. Ce mélange d’ironie macabre et de jazz new orleans n’aura pas manqué d’en inspirer plus d’un. On croirait entendre du Danny Elfman avant l’heure…
I put a spell on you, Screamin Jay Hawkins
Rendons à César ce qui est à César. Si les schock rockers comme Alice Cooper, Marilyn Manson ou encore Rob Zombie ont pu terroriser les mères de familles (pour le plus grand plaisir de leurs adolescents en crise), c’est bien à ce grand fou de Screamin’ Jay Hawkins qu’ils le doivent. Ce qui devait à l’origine être une chanson d’amour blues des plus normales s’est transformé, au cours d’une session d’enregistrement où l’ingénieur du son, les musiciens et le compositeur lui-même étaient tout à fait éméché, en une flippante ritournelle qui aura, en son temps, retourné les auditeurs de l’Amérique puritaine des années 50. Le talentueux musicien Jalacy Hawkins, lui, en ressort avec un énorme succès commercial et une nouvelle image de marque à la clé. Celle du terrifiant Screamin' Jay Hawkins qui, avec sa voix caverneuse et son attirail de sorcier vaudou, ne cessera de hurler des paroles tantôt délirantes, tantôt mélancoliques qui créeront plus tard des émules chez les amateurs de musique extrêmes.
Season of the witch, Donovan
Le passionnant et trop souvent oublié Donovan, barde écossais emblématique de la contre-culture avait sorti en 1966 cette petite perle horrifique. En plein boom du rock psychédélique, Donovan, à grands renforts de guitares lancinantes, d'orgues électriques et de batteries syncopées, bombarde la scène musicale avec "Season of the Witch".
Évocation énigmatique de la période précédant la fête celtique de Samhain, l'ancêtre d'Halloween, le morceau de Donovan est un petit bijou onirique. Le chanteur parvient en un peu moins de 5 minutes à instaurer une ambiance des plus déconcertantes. Servant un texte cryptique, l'instrumentation du morceau ne serait probablement pas aussi percutante sans la performance hallucinée d'un Donovan en pleine possession de ses moyens surtout quand il scande son entêtant et emblématique refrain.
Psycho Killer, Talking Heads
Peut-être l’un des morceaux les plus connus des “têtes parlantes”, le tétanisant “Psycho Killer” et sa ligne de basse mortelle constitue un pur morceau d’horreur. Avec ces paroles absurdes reflétant la psyché torturée d’un tueur en série psychotique qui parodie le Norman Bates de Psychose, Le titre est un véritable petit chef-d'œuvre. Interprété par un David Byrne tous azimuts, plus comédien que chanteur, il est question d’un homme habité par plusieurs personnalités dont l’une est un meurtrier. Pour signifier ces deux états mentaux, les membres du groupe ont décidé de faire chanter le meurtrier en français dans le texte, ce qui ajoute à l’étrangeté du titre. Si les “Psycho Killer… Qu’est-ce que c’est ?” que scandent David Byrne sont devenus aussi emblématiques aujourd’hui, c’est peut-être parce que la chanson est sortie en décembre de 1977, juste après un été où le tueur en série David Berkowitz, dit Son of Sam, avait terrorisé New York. Glauque à souhait…
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