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«Le patois n’est pas ringard!»

Les jeunes Fribourgeois témoignent d’un regain d’intérêt pour le patois. Des cours sont même proposés dans certains cycles d’orientation


 Chiara Bovigny

Chiara Bovigny

14 mai 2019 à 04:01

Tradition » «A vo, kmin va?» («Bonjour, comment ça va?»), demande Hubert Carrel, professeur de patois, à chaque élève qui entre dans une classe du cycle d’orientation (CO) du Gibloux où va bientôt commencer son cours. «Va bin! è te?» («Ça va bien! Et toi?»), lui répondent ses quatre élèves – un enseignant secondaire et Milo, Loïc, Lana, tous trois étudiants au CO. Les participants sortent une fiche sur les adjectifs et composent des phrases à haute voix. Hubert Carrel alterne entre le français et le patois. Les élèves se regardent en souriant, ils ne comprennent de loin pas tout.

Le cours se poursuit avec l’écoute d’un fichier audio comprenant des mots et des phrases qui figurent sur les feuilles distribuées aux participants. Ils se mettent ensuite par deux pour commenter les phrases en patois. Au moment de retourner à sa place, Lana demande à Milo de se pousser: «Té fo me léchi ma pièthe» («Tu dois me laisser ma place»). «Et plus vulgairement?», demande Hubert Carrel avec malice. «Toâ té» («Tire-toi»), répond-il finalement lui-même devant le silence de ses élèves.

La fin du cours approche, tandis que chaque participant s’applique à décrire une image à l’aide de son vocabulaire. A la suite d’une remarque du professeur, Lana puis Milo font sourire les autres personnes en exagérant volontairement les accents. Le mot de la fin, lorsque la sonnerie retentit? «No fo lavi ora» («Il faut partir maintenant»), conclut le professeur de patois.

Intérêt des jeunes

A l’instar du CO du Gibloux, six établissements dans le canton de Fribourg – les cycles de Bulle, de La Tour-de-Trême, de Riaz, de la Glâne, de la Veveyse et de Sarine Ouest – proposent des cours de patois. Au total, ils sont entre 100 et 120 élèves du degré secondaire à suivre annuellement ces cours: un intérêt qu’Hubert Carrel explique par l’envie de se rapprocher des aînés. «Certaines personnes âgées parlent le patois à la maison et les jeunes aimeraient comprendre ce qu’elles disent. Même s’ils ne parlent pas cette langue, qui est difficile à apprendre, ils acquièrent ainsi au moins quelques connaissances», ajoute-t-il. C’est la raison que donne Lana, 14 ans: «Je voulais apprendre quelques bases pour parler à mes grands-parents dans leur langue usuelle.»

Hubert Carrel souligne l’intérêt et l’implication des élèves: «Ils ont choisi de venir librement durant leur pause de midi!» Lana l’explique par la bonne ambiance: «Il nous apprend beaucoup mais dans un cadre moins formel qu’un cours normal. On est là pour le plaisir», souligne-t-elle. Elle considère également que le patois fait partie de la culture générale: «Il est important de s’intéresser à la langue de nos ancêtres et de notre région, argumente-t-elle. Ce n’est pas une langue ringarde pour les jeunes, je trouve. Elle est même drôle à écouter.»

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