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Société

Déjà, elle fait partie de la famille

Journaliste à la RTS, Valérie Gillioz se partage entre le Palais fédéral et le salon des Romands. Rencontre

Valérie Gillioz a fait ses débuts au 19 h 30 de la RTS le jour de Noël.

 Pierre Salinas

Pierre Salinas

28 janvier 2023 à 11:53

Médias » «Dix secondes, cinq, quatre… Une fois que le générique est lancé et que le chef de plateau commence le compte à rebours, tu ne peux plus partir en courant. Evidemment, il y a une certaine forme d’anxiété. Mais j’ai toujours apprécié l’adrénaline du direct et je trouve jusqu’à présent l’exercice passionnant.»

«J’ai toujours apprécié l’adrénaline du direct et je trouve jusqu’à présent l’exercice passionnant.»
Valérie Gilloz

Valérie Gillioz est entrée dans le foyer des Romands le 25 décembre dernier, à l’heure du souper. Née il y a 35 ans à Sion, la journaliste de la RTS avait déjà présenté le journal de 12 h 45, plus tôt dans l’année. Mais le 19 h 30… comment dire… c’est le 19 h 30: un rendez-vous incontournable qui réunit jeunes et moins jeunes devant leur petit écran et cumule chaque jour 67% de parts de marché. Il y a eu d’autres émissions par la suite, toutes rondement menées. Mais de ce baptême du feu, le 25 décembre dernier, Valérie Gillioz garde un souvenir ému. «C’était le soir de Noël et il y avait quelque chose de magique, sourit-elle, assise à la table d’un restaurant du quartier du Bourg, à Fribourg, où elle habite. Non, je ne crois pas avoir bégayé, et oui, les retours étaient plutôt bons. Mais c’est encore très récent et j’ai encore beaucoup d’expérience à emmagasiner.»

«C’était le soir de Noël et il y avait quelque chose de magique...»
Valérie Gilloz

Valérie Gillioz parle de «challenge» et s’empresse d’apporter cette nuance: elle n’est (encore) qu’un des «jokers» de Jennifer Covo, Philippe Revaz et Fanny Zürcher, les titulaires du poste. Mais un «joker» sans fard ni méchanceté qui, déjà, fait partie de la famille. «Des gens m’arrêtent dans la rue pour me féliciter ou me poser des questions, parfois d’ordre privé. C’est toujours bienveillant et sympathique, mais je trouve cela bizarre aussi», reprend-elle, dubitative, avant d’ajouter: «Je mesure l’honneur que c’est et j’y vois même une belle marque de confiance. Mais c’est un métier comme un autre. Je ne sauve pas des vies!»

Travail en amont

Réduire Valérie Gillioz à un buste qui vous perce du regard en même temps qu’il lit un prompteur serait se méprendre. Le paraître est au moins aussi important que la mise en scène, mais célébrer la sacro-sainte messe du soir exige un travail en amont que la télévision ne montre pas. «Tu dois écrire tes textes, trouver des invités, préparer tes interviews… Les journées passent vite. Elles ont ceci de particulier qu’il faut être prêt et concentré à l’heure où les autres rentrent à la maison.» La Valaisanne s’est «jetée à l’eau», dit-elle, sans être ressortie enrhumée. Elle reviendra s’installer dans nos canapés durant la semaine de carnaval, avec la même aisance sans doute.

« Les journées ont ceci de particulier qu’il faut être prêt et concentré à l’heure où les autres rentrent à la maison.»
Valérie Gilloz

Ne pas croire que Valérie Gillioz est née avec un micro et des lumières braquées sur elle pour autant. «A la base, je m’imaginais plutôt travailler en presse écrite, révèle-t-elle. A 8-9 ans, je me souviens même avoir rédigé un roman de 31 pages sur le vieil ordinateur de mes parents.» Plus que les siennes, ce sont les histoires des autres qui l’interpellent: «J’ai toujours aimé parler aux gens et poser des questions, c’est pourquoi cela me fait tout drôle de répondre aux vôtres. C’est un peu l’arroseur arrosé!»

En mode voyage

Eté 2006. Valérie Gillioz s’inscrit en lettres et sciences sociales à l’Université de Fribourg, une ville qui, d’abord, ne lui plaît pas. «J’ai détesté! ose-t-elle. Je trouvais que c’était le même genre de ville que Sion: belle mais petite. A l’époque, j’aurais eu besoin de quelque chose de plus grand, plus international. Alors quand, en 2015, pendant mon stage à la RTS, j’ai été parachutée à Fribourg Région, j’ai pensé: oh non, pas encore! Sauf que, cette fois-ci, j’ai adoré. Parce que j’étais plus âgée peut-être, j’ai réussi à créer davantage de liens.»

«Il y avait un contexte et, comme j’aimais bien l’info, je trouvais intéressant de mieux connaître le Moyen-Orient.»
Valérie Gilloz

Entre ses deux ancrages sur les bords de la Sarine, Valérie Gillioz a mis les voiles. Son master en journalisme, ne l’a-t-elle pas obtenu à Louvain, en Belgique, où lui a pris l’envie d’apprendre l’arabe et sa calligraphie? «A la fin de mes études, raconte la Sédunoise, je suis partie pour six mois au Caire. J’étais en mode voyage et je voulais continuer l’apprentissage de la langue. C’était aussi la période des révolutions arabes. Il y avait un contexte et, comme j’aimais bien l’info, je trouvais intéressant de mieux connaître le Moyen-Orient.»

Creuser et vulgariser

Loin de l’Egypte et de ses pyramides, Valérie Gillioz travaille depuis 2019 à Berne et son Palais fédéral. Là, en sa qualité de correspondante politique, elle se fait quotidiennement l’écho des décisions prises par ceux qui «font» la Suisse. «La matière est exigeante: il faut aimer creuser et vulgariser car les objets sont souvent ardus», souffle celle dont le passage sous la Coupole a été marqué par une pandémie sans précédent. «Quelque chose d’à la fois passionnant et pénible à vivre, car il était compliqué d’avoir des renseignements. Dire «on ne sait pas mais on pense que» est toujours un message compliqué à faire passer.»

Il est 19 h 15 et l’entretien touche à sa fin. Si l’arroseur arrosé a bu la tasse, c’est de thé vert seulement. Le moment est venu de rentrer à la maison et d’allumer la télé. Ce soir-là, c’était Philippe Revaz aux commandes.

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