Cinq idées reçues sur le renard
Taxé de nuisible, le goupil est pourchassé depuis la nuit des temps. Et si nous révisions notre jugement?
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Christine Wuillemin
10 juillet 2022 à 14:21
Nature (1/6)» Victimes de leur mauvaise réputation, plusieurs animaux subissent notre courroux. Or, les crimes dont on les accuse sont exagérés, voire carrément infondés. Premier volet avec le renard.
1. Des renards trop nombreux ?
C’est complètement faux! Premièrement, le renard vit en clan familial sur un territoire suffisamment vaste pour couvrir ses besoins alimentaires. Si tous les territoires sont occupés, difficile pour le goupil de s’étendre. Deuxièmement, le succès des naissances dépend de la nourriture disponible. En cas de disette, les femelles produisent moins d’ovules et les chances de survie des renardeaux se réduisent. Les années d’abondance, en revanche, le couple reproducteur peut accepter une femelle de la portée précédente pour aider à l’élevage des jeunes qui ont ainsi de meilleures chances d’accéder à l’âge adulte. Ce n’est donc pas le prédateur qui limite le nombre de proies, c’est le nombre de proies qui limite le prédateur.
2. Un vivier de maladies ?
On a longtemps fait la guerre au rouquin, principal vecteur de la rage à la fin des années 1960. Or cela n’a fait qu’accélérer la propagation de l’épidémie et ce n’est qu’avec la campagne de vaccination, basée sur des appâts, qu’on a pu en venir à bout. La rage a disparu depuis plus de 20 ans, mais on reproche toujours au canidé de véhiculer des maladies. Il y a la gale qui ne se transmet pas à l’être humain et l’échinococcose. Cette pathologie du foie peut effectivement nous affecter dangereusement via les crottes de renard, mais c’est très rare. On ne compte qu’un cas pour un million d’habitants. Notre hygiène est si bonne qu’aucune affection véhiculée par le renard ne pose réellement problème aujourd’hui.
3. Un tueur sanguinaire ?
Il peut arriver à Maître renard de prélever une poule si le poulailler est mal fermé. Il ne le fait pas parce qu’il aime tuer, mais parce que il est un omnivore, opportuniste et malin. Il connaît chaque ressource potentielle sur son domaine qu’il inspecte chaque nuit. S’il détecte une faille, il en profite. Qui peut lui en vouloir? Et si vous le voyez avec un lièvre dans la gueule, il s’agit en général d’une victime de la route, car un adulte en bonne santé échappe au renard. L’essentiel de son régime se constitue de rongeurs, d’insectes et de fruits. Il peut dévorer jusqu’à 6000 campagnols par an! On sous-estime ce nettoyage constant et gratuit des cultures qui sinon seraient dévastées. Les agriculteurs ont là un précieux allié. Une bonne action qui éclipse ses quelques méfaits, non?
4. Un chapardeur des villes ?
Tout dépend de votre degré de tolérance… En ville, le canidé peut éventrer les poubelles, surtout lorsqu’il a des bouches à nourrir. Il arrive qu’à la fin de l’hiver il creuse son terrier sous les cabanes de jardin ou les terrasses. Mais en principe, lorsque nous commençons à réinvestir les lieux au printemps, la famille renard déménage aussitôt. Il se peut aussi qu’en avril, les renardeaux jouent dans les plates-bandes et écrasent des plantes, volent des chaussures restées sur le perron et fassent quelques bêtises. Mais est-ce vraiment grave? De nos jours, cet animal est dix fois plus répandu dans les zones urbaines qu’en milieu rural et aucune déprédation majeure n’est à reprocher à ce voisin discret et inoffensif.
5. Agressif envers les humains ?
Bien sûr que non! Comment pourrait-il nous attaquer avec sa carrure de gros matou? D’après les biologistes, le problème se situe plutôt de notre côté. En ville, le goupil a tendance à perdre sa crainte naturelle de l’être humain, car certaines personnes le nourrissent. Ces offrandes, volontaires ou non, peuvent non seulement mettre l’animal en danger – il ne fuira pas devant une personne qui lui veut du mal – mais aussi le rendre tellement familier qu’il viendra réclamer sa pitance sur le pas de votre porte. Tout le monde n’apprécie pas cette proximité. A nous d’éviter les ennuis en le laissant se débrouiller.
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