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Nature

Cinq idées reçues sur la chauve-souris

Aujourd’hui protégés, les chiroptères souffrent encore de notre ignorance. Et si on apprenait à les connaître?

Le grand murin est l’une des plus grandes espèces de chauves-souris de Suisse. Il est capable de voler sur de longues distances.

 Christine Wuillemin, Revue Salamandre

Christine Wuillemin, Revue Salamandre

15 juillet 2022 à 04:01

Nature (5/6) » Victimes de leur mauvaise réputation, plusieurs animaux subissent notre courroux. Or, les crimes dont on les accuse sont exagérés, voire carrément infondés. Cinquième volet avec la chauve-souris.

1. Elle s’accroche dans les cheveux?

Il n’y a pas si longtemps, les parents usaient de cette légende farfelue pour dissuader leurs filles de sortir le soir. Les garçons aux cheveux courts, quant à eux, allaient faire la fête… Les scientifiques se sont sérieusement intéressés à cette croyance et leur verdict est sans appel: fake news! D’une part, une chauve-souris n’aurait aucun intérêt à aller s’emmêler dans une chevelure et, d’autre part, elle sait très bien nous éviter dans le noir. Elle est en effet dotée d’un sonar ultraperformant qui lui permet d’émettre des cris ultrasoniques, dont l’écho revient à ses grandes oreilles sensibles. Elle localise donc sans problème des obstacles aussi fins qu’un seul cheveu.

2. Elle est sale?

Cette idée vient-elle du fait qu’elle est faussement considérée comme une parente de la souris? Non, la reine de la nuit est un chiroptère et a une hygiène irréprochable. Elle prend grand soin de ses ailes, ces quatre doigts reliés entre eux par une fine membrane nécessaire à sa survie. Ce qui complique en revanche les relations de voisinage avec Batman, ce sont ses déjections dans les greniers, toitures ou caves… Si un peu d’urine et de guano ne représentent aucun risque sanitaire et constituent un excellent engrais pour le jardin, ils peuvent occasionner des dérangements en cas de grosses quantités. Heureusement, ces situations sont rares et des solutions existent (voir l’interview).

3. Elle transmet la rage?

Les risques de contracter cette maladie après avoir été mordu par une chauve-souris sont infimes en Europe. D’abord, parce que seule une petite minorité d’espèces ont été identifiées comme pouvant être porteuses. Ensuite, parce que le mammifère volant n’attaque jamais l’être humain. Inoffensif, il ne mord que lorsqu’on le manipule et qu’il se sent en danger. C’est pourquoi il est impératif de porter des gants épais si vous venez en aide à une chauve-souris en détresse. Cette simple précaution permet d’ailleurs de se prémunir d’autres maladies ou infections que toute morsure ou griffure d’animal sauvage ou domestique pourrait provoquer.

4. Elle suce le sang?

La seule goutte de votre hémoglobine dont une pipistrelle pourrait se délecter serait celle contenue dans un moustique qui viendrait de vous piquer! Les chauves-souris européennes sont insectivores. Toutefois, il existe trois espèces de chauves-souris appelées «vampires» dans les zones tropicales d’Amérique latine. Mesurant entre 8 et 9 cm, ces chiroptères n’attaquent pas pour sucer le sang, mais pratiquent une petite incision avec leurs incisives supérieures sur des animaux endormis, dont du bétail. Ils lapent alors le nectar rouge s’écoulant de la plaie. Les humains ne figurent au menu que rarement, en cas de perturbation du milieu naturel (déforestation, etc.) qui empêche l’accès à d’autres sources de nourriture.

5. Elle pullule?

Encore une fois, la chauve-souris n’est pas un rongeur! Contrairement au rat qui engendre une large descendance au cours de ses deux à trois années de vie, cette bête surprenante se concentre sur l’élevage de quelques petits durant sa longue existence qui peut s’étendre jusqu’à 33 ans, le record suisse détenu par un petit murin. En général, une femelle ne donne naissance qu’à un rejeton par an, parfois moins. La mère se focalise sur son élevage jusqu’au sevrage. Aucune pullulation en vue, donc. Cela d’autant plus que près de la moitié des 30 espèces présentes dans le pays sont encore menacées, malgré leur statut de protection.

Pour en savoir plus sur la chauve-souris, retrouvez les publications de la revue Salamandre sur salamandre.org/roc

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