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Etats-Unis. RFK Jr, désigné par Trump à la Santé, jure ne pas être antivaccins

Désigné par Donald Trump, Robert F. Kennedy Jr. s'est défendu mercredi de ses positions contre la vaccination. Il a assuré ne pas être "antivaccin", lors de son grand oral devant le Sénat, chargé de le confirmer à la tête du ministère de la Santé.

S'il était confirmé au poste de ministre de la Santé, le neveu du président assassiné JFK, âgé de 71 ans, prendrait la tête d'une agence fédérale employant plus de 80'000 personnes.KEYSTONE/AP/J. Scott Applewhite

ATS
AFP

ATS et AFP

29 janvier 2025 à 18:39, mis à jour à 18:48

Temps de lecture : 4 min

"Des articles de journaux ont prétendu que j'étais antivaccin ou contre toute autre industrie, alors que je ne le suis pas et que je suis pour la sécurité", a-t-il assuré aux membres de la commission des finances de la chambre haute du Congrès lors d'une audition tendue.

"Vous dites une chose et puis vous en dites une autre. Aujourd'hui vous niez sous serment être contre les vaccins, mais lors d'une interview à un podcast en juillet 2023, vous avez dit, je cite: 'Aucun vaccin n'est sûr et efficace'", lui a rétorqué le sénateur démocrate Ron Wyden.

Robert Kennedy Jr. s'est fait ces dernières années le relais de nombreuses théories du complot sur les vaccins contre le Covid-19 comme sur de prétendus liens entre vaccination et autisme.

Des insinuations dénoncées par ses détracteurs, qui l'accusent par ailleurs d'avoir attisé la défiance à l'égard de vaccination aux îles Samoa juste avant qu'une épidémie de rougeole ne survienne en 2019 et ne tue 83 personnes.

"Mr. Kennedy a adhéré à des théories complotistes, aux charlatans (...) Il s'est donné pour mission de semer le doute et de décourager les parents de faire vacciner leurs enfants pour leur sauver la vie", a encore fustigé M. Wyden.

"Signaux d'alarme"

En raison notamment de ces positions passées, la nomination de RFK Jr. suscite la vive inquiétude de scientifiques et de professionnels de la santé au moment où la circulation du virus de la grippe aviaire aux Etats-Unis ravive les craintes d'une pandémie.

"Son positionnement sur de nombreuses questions de santé va à l'encontre des connaissances scientifiques établies, et ce sont là des signaux d'alarme importants", avait insisté avant l'audition Syra Madad, épidémiologiste et membre du Harvard Belfer Center, auprès de l'AFP.

L'ancien démocrate, rallié depuis peu à Donald Trump, promeut par ailleurs le lait non pasteurisé, tant redouté par les agences sanitaires, et réclame l'arrêt de l'ajout de fluor dans l'eau courante, une pratique considérée comme une grande réussite sanitaire dans la lutte contre les caries dentaires, mais qui divise la communauté scientifique.

S'il était confirmé au poste de ministre de la Santé, le neveu du président assassiné JFK, âgé de 71 ans, prendrait la tête d'une agence fédérale employant plus de 80'000 personnes et chargée de la santé des plus de 340 millions d'habitants du pays.

Ses critiques à l'égard des agences sanitaires américaines, qu'il accuse de corruption, font par ailleurs craindre un large remaniement du ministère s'il venait à être confirmé.

Avortement

Celui qui fut un temps candidat indépendant à la dernière présidentielle américaine, avant de se rallier à Donald Trump, pourrait faire face à l'opposition de sénateurs des deux camps, chargés de le confirmer à son poste.

L'association conservatrice fondée par l'ancien vice-président de Donald Trump, Mike Pence, a ainsi appelé les parlementaires à rejeter sa candidature en raison de ses positions, qu'elle juge "pro-avortement".

Robert Kennedy Jr., qui a eu des propos contradictoires sur le sujet, défendant notamment l'idée que les femmes devraient pouvoir avorter toute leur grossesse, a toutefois assuré mercredi qu'il se rangerait derrière l'avis de Donald Trump.

"Je suis d'accord avec le président Trump pour dire que chaque avortement est une tragédie", a-t-il soutenu, affirmant par ailleurs que le milliardaire lui avait demandé de réévaluer la sûreté de la mifépristone, une pilule qui combinée à un autre cachet est utilisée dans les IVG médicamenteuses aux Etats-Unis.

Le septuagénaire pourrait toutefois obtenir le soutien de certains sénateurs démocrates grâce à son engagement en faveur de la lutte contre les pesticides et pour une alimentation saine.

RFK Jr. a ainsi promis de "mettre un terme à l'épidémie de maladies chroniques" et à s'attaquer au problème de l'obésité.

En dehors de ses positions, c'est aussi sa personnalité qui fait débat après une série de révélations fracassantes. Accro à l'héroïne dans sa jeunesse, l'insaisissable membre de la dynastie Kennedy a raconté l'an dernier avoir abandonné le cadavre d'un ourson dans Central Park à New York et avoir dû se faire retirer un ver de son cerveau.

A la veille de son audition, sa cousine Caroline Kennedy a enjoint dans une lettre les sénateurs à rejeter la nomination de celui qu'elle qualifie de "prédateur".

"Il aimait montrer comment il mettait les bébés poulets et les souris dans un robot mixeur pour nourrir ses faucons", rapporte-t-elle notamment dans ce texte.