Vaud reprend les rênes de l’urgence santé

Secours, Justice » Après une grosse crise, l’Etat rattache le 144 au CHUV et les médecins de garde à Unisanté.

Tiré par plusieurs observateurs, le constat avait été accablant: la Fondation Urgences Santé (FUS) de droit privé n’était plus en mesure de mener sa mission. Et pas n’importe laquelle, puisqu’il était question de la gouvernance du 144 et de la centrale d’appels des médecins de garde, pour Vaud et Neuchâtel. Alors que certains critiquaient en 2021 déjà le manque de réaction de l’Etat, celui-ci avait fini par prendre les choses en main et installer aux commandes, pour ainsi dire du jour au lendemain, l’Etat-Major cantonal de conduite (EMCC) et son chef Denis Froidevaux.

Jeudi, la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz a annoncé la dernière étape formelle importante de ce sauvetage. La centrale d’appels sanitaires d’urgence, le 144, passe dans le giron du CHUV, alors que la centrale téléphonique des médecins de garde (CTMG) rejoint Unisanté. L’opération sera financièrement presque neutre, hormis pour la caisse de pension et 2 millions de francs pérennes qui ont servi au sauvetage de l’institution.

Croire qu’il ne s’agirait là que d’une réorganisation administrative serait erroné. En reprenant ces tâches régaliennes, l’Etat assure «une sécurité accrue, une meilleure visibilité» à ces collaborateurs qui sont au front, a souligné Denis Froidevaux. On passe de standards «un peu hétérogènes à quelque chose d’homogène» et l’on se prépare aussi aux besoins des années 2030.

Cette réappropriation, en concertation avec Neuchâtel, se traduira aussi par le déménagement à la rentrée de ces services dans la nouvelle structure Ecavenir, un complexe près de la Blécherette qui regroupera les pompiers, la police ainsi que la centrale de gestion coordonnée du trafic de l’agglomération Lausanne-Morges.

«Ça avait vraiment du sens» d’accueillir la centrale des médecins de garde, a affirmé Philippe Staeger, chef du département des policliniques, en parlant de «maillon essentiel» de l’urgence santé. Des paroles reprises par le professeur Pierre-Nicolas Carron, chef de service au CHUV, par rapport au 144 qui joue «un rôle essentiel» dans la prise en charge et «qui ne doit pas tomber».

Au total, ce sont 106 équivalents temps plein (ETP) qui sont employés, 51 pour la CTMG, 38 pour le 144 et 17 pour les services transverses. La masse salariale reste inchangée, mais ils seront affiliés à la Caisse de pension de l’Etat, ce qui représentera 500 000 francs supplémentaires par an.

Il fallait sortir ces services du «trou noir» dans lequel ils étaient tombés. Une vingtaine de collaborateurs ont été engagés, une demi-douzaine de cadres remplacés, a précisé Denis Froidevaux. Avec l’espoir de pouvoir transmettre «deux bébés guéris et souriants» à l’Etat au premier semestre 2024.

Raphaël Besson