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Vaud

L’économie et les impôts divisent

A une semaine du scrutin, Florence Bettschart-Narbel (PLR) et Emilie Moeschler (PS) croisent le fer


 Raphaël besson

Raphaël besson

27 février 2021 à 02:01

Elections » Deux femmes de la même génération, chacune mère d’une fille et d’un garçon, qui veulent devenir municipale lausannoise. La socialiste Emilie Moeschler (39 ans), qui dirige la Maison de quartier de Chailly, aimerait succéder à son camarade de parti Oscar Tosato. La libérale-radicale Florence Bettschart-Narbel (46 ans), avocate de formation, souhaite rejoindre le seul élu de droite à la municipalité Pierre-Antoine Hildbrand (PLR). S’il y a des convergences sur la place de la femme, les enjeux économiques et fiscaux montrent les divergences.

Qu’est-ce que ça veut dire être une femme de gauche ou de droite en 2021 à Lausanne?

Emilie Moeschler: Ce qui est très fort, ce sont les aspirations retrouvées pour l’égalité. Grâce à la grève du 14 juin, aux 50 ans du vote des femmes, il y a un nouvel élan. Etre une femme de gauche, c’est être féministe et avoir un programme de gauche sur les questions d’égalité.

Florence Bettschart-Narbel: Il y a deux moments où je suis devenue plus féministe, quand j’ai eu des enfants et lorsque je suis entrée en politique. Là, je me suis dit qu’il y avait quand même une différence. Concilier ces multiples vies, réussir à travailler, avoir sa propre indépendance financière, c’est extrêmement important.

EM: Ce qui est formidable aujourd’hui, c’est cette aspiration très forte des jeunes à vouloir choisir leur vie, le métier, l’orientation sexuelle. Je n’avais pas cette assurance.

FB-N: Dans le bus, ça m’a frappée, les manières des jeunes de se parler, les insultes peuvent fuser avec de fortes connotations sexistes. J’ai l’impression que l’on fait beaucoup et qu’en même temps, il y a tout un pan de la vie sociale sur lequel on n’arrive pas à avoir un effet. Il y a une dichotomie entre la grève du 14 juin et ce qu’il y a sur les réseaux sociaux, on n’est pas du tout dans le même monde.

Vous voulez gouverner Lausanne. Mais au jour le jour, comment vous la vivez, cette ville vous plaît?

FB-N: Je trouve que c’est une ville agréable à vivre, même si l’urbanisme lausannois est un vaste débat, avec les places de la Riponne, du Tunnel ou de la Sallaz. Ça manque parfois un peu de vie. Les Fiches, qui vient d’être construit: c’est dommage, il manque ce qui fait vivre un quartier. Il faudra faire attention aux Plaines-du-Loup. Les nouveaux ensembles sont plutôt décevants en termes de vie de quartier.

EM: J’adore vivre à Lausanne. C’est une grande ville et en même temps avec tous ces quartiers, il y a une vraie proximité. Je suis époustouflée par des coins de rue qui donnent des vues sur le lac. Les Fiches, c’est un sacré challenge.

Vous voulez un poste à responsabilités, à votre avis qu’est-ce qui ne va pas à Lausanne, qu’est-ce qu’il faut changer?

FB-N: Lausanne a un problème de gouvernance sur certains grands projets: Vaudoise Arena, Beaulieu, les axes forts des transports publics. Si j’entre à la municipalité, ce sera avec la volonté de mettre des priorités. Il faut mieux fixer le cadre dès le départ, avant de demander des études qui coûtent des millions à la ville.

EM: Nous vivons une crise Covid avec des distributions de colis alimentaires. Ce n’est pas possible de se contenter d’une seule réponse humanitaire, il y a un gros travail à faire en matière sociale. Sur les logements, il faut poursuivre le travail réalisé par la construction de logements à loyers modérés: il y a trop de gens à Lausanne qui paient un loyer excessif. Le droit de préemption, qui permet de racheter en priorité des bâtiments, est un excellent outil.

La place de la voiture dans la ville suscite de vives controverses, quelle est votre solution?

FB-N: La voiture facilite la vie dans certaines circonstances. On va vers le tout électrique, mais 2030 comme délai pour la fin de la voiture thermique selon le Plan climat de Lausanne, c’est à mon avis illusoire.

EM: Il faut accompagner ce projet d’une réflexion large. La question de la voiture est sensible. On ne doit pas montrer du doigt les gens qui se déplacent en voiture à Lausanne, il faut trouver des solutions adaptées. Il y a des personnes âgées qui sont très inquiètes. Mais je partage cette urgence afin de réduire les émissions de CO2 et cela passe par l’abandon à terme des véhicules thermiques.

FB-N: Sur les places de parc, ce que l’on a déploré, c’est le peu de concertation. Il faut trouver un équilibre. On est conscient que dans le centre-ville on peut aller vers des suppressions de places de parc, compensées éventuellement par des parkings.

EM: Ma volonté, c’est aussi de réduire le nombre de voitures, avec un report sur les transports publics, gratuits à terme, et sur la mobilité douce.

Lausanne est dans le rouge question finances. Une dette nette à 2,17 milliards et un déficit attendu de près de 80 millions. Que faut-il faire?

EM: En période de crise, ce n’est pas le moment de réduire la dette. La priorité est d’investir pour sauver les secteurs frappés par la pandémie. C’est ça le sujet.

FB-N: La dette lausannoise nous inquiète. Il y a eu plusieurs annonces comme quoi l’on pourrait entrer dans une phase inflationniste, avec une hausse des taux d’intérêt. Il faut suspendre certains projets et prioriser. Oui aux transports publics, aux écoles, d’autres sujets peuvent attendre.

Nous réclamons aussi une politique fiscale, mais ce discours ne passe pas auprès du Parti socialiste. Avoir une politique fiscale attrayante, qui fasse venir des entreprises et des bons contribuables. Pour payer la politique lausannoise, il faut que l’on ait des contribuables qui paient des impôts.

EM: Pour attirer de nouvelles entreprises, ce n’est pas seulement la politique fiscale qui est déterminante. Les écoles, les transports publics, la qualité de vie, ça attire aussi les entreprises. Vous demandez une baisse fiscale dont les familles modestes ne verront pas la couleur: même pour un ménage à 100 000 francs de revenu fiscal, ce serait moins de 200 francs. Pour les finances de la ville ce serait en revanche énorme.

FB-N: Trois points d’impôts, c’est 15 millions de francs. Les Lausannois devraient payer moins d’impôts, mais la municipalité garde cet argent pour ses projets.

EM: Lausanne a des charges de ville centre. La politique sociale a un coût.

Est-ce que la droite est prête à lancer la bataille sur la baisse d’impôts?

FB-N: Suivant les propositions qui sont faites après la reprise de la facture sociale par le canton, si là il n’y a aucun signe qui est donné aux Lausannois, il est possible que quelque chose soit lancé.

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