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Médias. Articles controversés: la justice donne raison à Pascal Broulis

Pascal Broulis a obtenu gain de cause face à Tamedia. Le Tribunal civil d'arrondissement de Lausanne a jugé qu'une partie des articles publiés en 2018 par le Tages-Anzeiger ont porté atteinte à la personnalité de l'ex-ministre vaudois, désormais conseiller aux Etats.

La justice lausannoise a donné raison à Pascal Broulis (archives).KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

ATS

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20 février 2025 à 15:15, mis à jour à 19:06

Temps de lecture : 1 min

Avocat de Pascal Broulis, Alexandre Curchod s'est réjoui jeudi d'une "victoire" pour l'ancien grand argentier vaudois, mais aussi contre "un groupe de presse qui privilégie la rentabilité à la qualité", a-t-il dit, contacté par Keystone-ATS.

Sur les neuf articles incriminés, cinq ont été épinglés pour avoir porté atteinte à la personnalité de Pascal Broulis. Publiés entre février et novembre 2018, ils laissaient notamment entendre que le ministre des finances avait accordé des faveurs fiscales à un proche ainsi qu'à sa collègue de parti Isabelle Moret.

Les articles publiés dans le Tages-Anzeiger, mais aussi dans d'autres titres de Tamedia, évoquaient également les voyages en Russie de Pascal Broulis ou la scolarisation de son fils à Lausanne, pour lequel le journaliste sous-entendait un traitement de faveur.

"Image faussée"

Se référant à un jugement long de quelque 200 pages, Me Curchod a indiqué que ces articles donnaient "une image faussée", qu'ils s'appuyaient sur "des faits erronés" ou encore qu'ils étaient empreints "d'une certaine mauvaise foi." Ces textes ont été publiés "dans une volonté de pointer du doigt et non d'informer le public", a-t-il ajouté.

Outre ces cinq articles, le journaliste - qui ne travaille plus actuellement pour Tamedia - a aussi été condamné pour des propos qu'il a tenus dans l'émission "Infrarouge" de la RTS en septembre 2018, considérés eux aussi comme attentatoires à la personnalité de Pascal Broulis.

Une "demi-victoire" seulement

Dans le camp adverse, l'avocat du journaliste et de Tamedia, Kevin Guillet, a relativisé le jugement, estimant que Pascal Broulis "était loin d'avoir obtenu une victoire". Relevant que quatre articles avaient été jugés "non problématiques" et que les frais judiciaires devaient être partagés, il a estimé qu'il fallait plutôt parler de "demi-victoire", tant pour le politicien que pour le groupe de presse.

Quant aux articles qui ont valu une condamnation à ses clients, Me Guillet a affirmé qu'il s'agissait "d'une grave atteinte à la liberté de la presse". Il a ajouté qu'une décision sur un éventuel recours n'avait pas encore été prise.

Un franc symbolique

Maison mère de Tamedia, TX Group est condamné à publier en première page des quotidiens concernés les considérants du jugement. Le Tribunal a aussi ordonné d'effacer ces articles des archives internet et de les déférencer des moteurs de recherche Google et Yahoo.

Le groupe de presse zurichois et l'auteur des articles doivent également verser un franc symbolique à Pascal Broulis à titre de réparation pour tort moral. Ces mesures correspondent "dans les grandes lignes" à ce que nous avions demandé, a souligné Alexandre Curchod.

Pour mémoire, Pascal Broulis avait intenté une action civile en 2019, s'estimant victime d'une campagne de dénigrement du Tages-Anzeiger. Une longue procédure avait suivi, marquée notamment par de vaines tentatives de conciliation. Devenu inévitable, le procès s'était déroulé en mai dernier.