Un jour au service de la Fête-Dieu
Claude Schenker est bénévole depuis trente ans pour la solennité religieuse dans la capitale cantonale
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8 juin 2023 à 23:21
Ville de Fribourg » Avec leurs tenues sombres et leurs brassards blancs, ils sont discrets. Presque invisibles, dans la solennité haute en couleurs de la Fête-Dieu à Fribourg. C'est intentionnel: les «commissaires des solennités religieuses», loin de défiler en tête de la procession, sont chargés de placer au bon endroit les 700 participants officiels de la fête et de veiller à ce que tout se passe bien avec les milliers de fidèles et de spectateurs.
Ce jeudi, Claude Schenker assumait ce rôle bénévole pour la trentième année de suite. «Je ne suis pas stressé», confiait l'avocat de formation, âgé de 53 ans, avant la messe sur place du collège Saint-Michel. «Les gens viennent à la Fête-Dieu pour prier, ce qui en fait un rassemblement assez calme.» Il n'empêche qu'il faut savoir où caser les musiciens, les servants de messe, les ordre religieux, les scouts, les groupes en costumes traditionnels ou encore les membres de l'Ordre équestre du Saint Sépulcre de Jérusalem.
«Ce n'est pas un simple défilé: je considère que c'est le Christ qui marche dans les rues de la ville aujourd'hui»
Claude Schenker
Les dix commissaires disposent de plans précis, établis par l'architecte villarois François Eugster. L'emplacement de chaque groupe est une histoire aussi longue que la fête, qui remonte au Moyen Age. La première attestation formelle d'une Fête-Dieu à Fribourg date de 1425, lorsqu'il avait fallu arbitrer l'ordre de la procession. «Je n'ai jamais eu de problème pour placer des personnes, avoue Claude Schenker. L'an dernier, un couple de retraités s'était assis sur des places réservées au premier rang et refusait de bouger. Mais ils se sont déplacés quand les corps constitués sont arrivés.»
« Non! Etre ici est beaucoup plus important, parce que Dieu fait beaucoup de choses pour nous»
Ambre Eugster
Ambre Eugster, qui fête ses douze ans ce jeudi, est la plus jeune des commissaires de cette édition 2023. On lui demande si elle ne préférerait pas aller piquer un plongeon à la Motta. « Non! Etre ici est beaucoup plus important, parce que Dieu fait beaucoup de choses pour nous», réplique la jeune fille. Pour Claude Schenker, l'engagement religieux est également fort. «Ce n'est pas un simple défilé: je considère que c'est le Christ qui marche dans les rues de la ville aujourd'hui», affirme-t-il. Et de préciser: «S'il ne s'agissait que de tradition, je ne m'engagerais pas.»
La Fête-Dieu n'est qu'un modeste engagement pour ce Fribourgeois qui a notamment présidé l'association Prier Témoigner pendant vingt-et-un ans. «C'est un jour de congé et une présence attentive», précise celui qui codirige la section des traités de la Direction du droit international public au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à Berne. Cette année, son fils de quinze ans l'accompagnait comme commissaire, tandis que sa fille de neuf ans défilait comme première communiante.
Claude Schenker raconte avoir eu la certitude de l'existence de Dieu en allant prier, un soir, dans une église de Fribourg. «J'étais en première année d'Université et je suis allé adorer le Saint-Sacrement qui était exposé à la basilique Notre-Dame, pas encore rénovée à cette époque . J'y suis resté toute la nuit. Je sentais la présence de quelqu'un, qui me faisait du bien et cela m'a donné de la force pour toute ma vie.»
Un peu plus tard, lors de l'arrêt de la procession au reposoir aménagé dans le kiosque de la Place Georges-Python, les autorités assistent à la prière avec des lanternes contenant une bougie à la main. Question à Didier Castella, président du Conseil d'Etat. «Pourquoi portez-vous une lanterne?» Réponse en riant: «Parce qu'on m'a demandé de la porter». Qu'importe le sens du rite, l'élu juge important d'être présent: «Cette fête religieuse est aussi un moment traditionnel et populaire.»
«Cette fête religieuse est aussi un moment traditionnel et populaire.»
Didier Castella
Les coups de canon, tirés depuis La Lorette par l'Amicale de la batterie de campagne 13, rythment la fête. La première salve de poudre, allumée à 6h du matin, a coïncidé avec le début de l'aubade de la Concordia en Basse-Ville, tandis que la Landwehr jouait devant l'Evêché. Suivaient un coup sonore pour marquer le début de la messe de 9h, deux coups pour le moment de la consécration, un quatrième pour le départ de la procession, et ainsi de suite.
En avril dernier, le groupe des Verts du Parlement de la ville avait estimé qu'il était temps d'en finir avec cette tradition bruyante (La Liberté du 5 avril, voir ci-dessous). Claude Schenker, conseiller général (le centre) depuis 2006, s'était alors levé pour défendre avec beaucoup de conviction une fête multiséculaire. «Ces bruits sont comparables aux cloches des églises, ils marquent une présence divine dans la ville», explique-t-il aujourd'hui.
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