Grand Conseil. Rejet de l’initiative pour la sauvegarde du lac de la Gruyère
Les députés fribourgeois ont rejeté jeudi cette initiative, sans lui opposer de contre-projet. Le texte veut inscrire la préservation et la protection du lieu dans la Constitution cantonale. Le peuple tranchera.
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ATS
10 octobre 2024 à 11:47, mis à jour à 13:29
Le vote du décret marquant le rejet est tombé par 79 voix contre 4 et 14 abstentions. Les députés ont suivi la position exprimée par le Conseil d’Etat, représenté devant le plénum par son ministre des institutions Didier Castella, selon lequel «il n’y a pas besoin de légiférer davantage pour protéger le lac de la Gruyère».
L’exécutif cantonal estime ainsi que les protections actuelles sont suffisantes. Le lac de la Gruyère a été créé artificiellement en 1948, afin de couvrir les besoins en électricité du canton de Fribourg. Il présente une richesse paysagère considérable mettant en scène le lac dans son écrin préalpin, a dit le conseiller d’Etat.
Pas de retrait
L’initiative constitutionnelle entièrement rédigée a été lancée par le comité citoyen «Sauvez les Laviaux». Validée en novembre par le Grand Conseil, à l’unanimité des 82 voix exprimées, elle avait été déposée antérieurement à la Chancellerie d’Etat munie de 9378 signatures, dont 9249 valables, alors que 6000 étaient requises.
Le texte «Pour la sauvegarde du lac de la Gruyère et de ses rives» s’inscrivait, initialement, en opposition au projet abandonné de vague artificielle Goya Onda, à Morlon. Il veut inscrire la protection du lac, de ses abords et ses rives dans la Constitution fribourgeoise. Le comité d’initiative a déjà affirmé regretter que l’idée d’un contre-projet n’ait pas été privilégiée.
Le texte vise à éviter toute «artificialisation» du site, a répété le secrétaire du comité et député PVL Daniel Savary, qui a écarté l’idée d’un retrait. Un amendement du PS, soutenu par le groupe Verts et alliés, n’a pas passé la rampe. Il demandait d’inciter à trouver un accord pour éviter une votation populaire.
Trop contraignant
La région figure dans l’inventaire des paysages d’importance cantonale (PIC) et le plan directeur cantonal, a rappelé Didier Castella. Une partie du lac constitue une réserve d’oiseaux d’eau et de migrateurs d’importance nationale. La Constitution prévoit encore qu’Etat et communes préservent la nature et le patrimoine culturel.
Les collectivités publiques sont aussi tenues de protéger la diversité de la faune et de la flore ainsi que les milieux vitaux. L’initiative est «extrêmement contraignante et n’offre pas de marge de manœuvre», a relevé le Conseil d’Etat, empêchant des projets de petite importance, comme des aménagements de mobilité douce.
«D’autres régions, avec des sites naturels tout aussi dignes de protection, pourraient revendiquer leur inscription dans la Constitution», a encore noté le gouvernement dans son message.