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Canton

Tricoter des liens, au Port

Le Port, en Basse-Ville, organise tous les jeudis après-midi un atelier de tricot ouvert à tous. Reportage

Au Port, cet atelier libre d’accès rassemble des tricoteuses de tous les horizons.

 Stéphanie Schroeter

Stéphanie Schroeter

7 août 2021 à 04:01

Fribourg » Il fallait être sérieusement motivé. Parce que le soleil avait décidé de bouder et les températures estivales aussi. C’était compter sans la passion. Celle qui vous ferait trimbaler aiguilles et tricots jusqu’au bout du monde. En l’occurrence, la destination, ici, c’est le Port, à Fribourg. «Mais vous savez, c’est mieux de tricoter lorsqu’il ne fait pas trop chaud car, sinon, les doigts collent», rassure Ruth, 75 ans. Gaieté et optimisme animent cette retraitée habitant le quartier de Beaumont, qui a toutefois fait une petite exception: elle est descendue en bus en Basse-Ville, faisant ainsi l’impasse sur sa promenade habituelle du jeudi.

Comme tous les jeudis après-midi, cette Thurgovienne d’origine participe à l’atelier tricot au Port. Deux heures d’échanges et de partages qui font vite oublier la pluie. Animé par Géraldine Thiémard, maîtresse socioprofessionnelle à la Fondation Saint-Louis, cet atelier libre d’accès rassemble des tricoteuses de tous horizons. «Normalement, nous sommes une dizaine mais avec les vacances et le temps maussade, les participants sont aujourd’hui moins nombreux», explique celle qui s’occupe de la boutique La Filature, à la rue de Lausanne, gérée par la Fondation Saint-Louis dont l’objectif est la réinsertion des personnes présentant des difficultés psychiques ou sociales.

Les garçons aux pompons

En ce début d’après-midi d’août, ils sont six à avoir fait le déplacement. Parmi eux, des bénéficiaires de la Fondation Saint-Louis dont deux hommes, Johann et Samuel. Pourtant le tricot, ce n’est pas vraiment leur truc. «Nous, nous faisons des pompons», résument-ils en s’appliquant à leur ouvrage. Il y a aussi Marie-José, de Fribourg, venue avec son pull ainsi qu’une feuille détaillant la marche à suivre pour le réaliser. Des consignes obscures, légèrement mais sûrement incompréhensibles pour le néophyte. «Sans l’aide de Géraldine, je n’y arriverais pas», résume Marie-José. Et d’ajouter, en brisant le silence entourant sa concentration: «Je viens ici quand je peux. J’y cherche des conseils, et j’aime cette ambiance sympa et conviviale.»

Ottorina, alias «Toto», est aussi une adepte de ces jeudis du tricot. Même si cette bénéficiaire de la fondation a jeté son dévolu sur le crochet. Entre ses doigts, une magnifique couverture colorée qu’elle destine à sa référente du foyer. «Je viens tous les jeudis, car on est une bonne équipe. On rigole bien sauf quand je suis en vacances, car j’ai aussi besoin de voir autre chose», dit-elle presque en s’excusant. Des couvertures, c’est un peu sa spécialité à Toto, 58 ans, qui en a d’ailleurs un certain nombre en route. Mais cette native de La Chaux-de-Fonds a encore d’autres talents. «J’ai réalisé l’affiche du Port cette année!»

A côté d’elle, Nadia, sa collègue, est moins volubile mais tout aussi efficace. «Je fais une pochette de maquillage.» Quant à Ruth, c’est un pull qu’elle tricote quasi les yeux fermés. La septuagénaire est une pro des aiguilles, et ça se voit. Ses créations, elle les a photographiées et nous les montre. De superbes pulls, des tops «pour les jeunettes» qui sont la plupart du temps vendus à La Filature et dont les bénéfices sont reversés en faveur d’associations locales. «Nous lui donnons aussi des pelotes de laine que nous recevons», explique Géraldine Thiémard entre deux décryptages de consignes.

Les barrières tombent

La maîtresse socioprofessionnelle a mis en place ces ateliers tricot il y a déjà quelques années, un an après les débuts de l’aventure du Port (lire ci-contre). «L’idée est de rassembler de manière spontanée des tricoteuses, issues de la Fondation Saint-Louis ou d’ailleurs, de mélanger toutes les générations aussi. Toutes les barrières tombent autour de cette activité. L’année passée, des résidents d’un EMS sont venus participer, c’était très sympa.»

La responsable remarque un engouement certain pour le tricot, parfois même là où on ne l’attend pas forcément. «Il y a des garçons qui s’y mettent et qui ont appris à tricoter avec leur grand-maman durant le confinement», glisse-t-elle. «Nous avons toujours du matériel pour qui voudrait essayer…» Ces pelotes dodues et ces aiguilles ont, en effet, l’air tentantes mais pour certaines personnes, il est préférable de se contenter de tenir un stylo.

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