Lutter contre la pénurie d’enseignants
L’école fribourgeoise pourrait bientôt venir à manquer de personnel. Des mesures doivent être prises
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Nicolas Maradan
23 août 2019 à 23:32
Education » Une fois n’est pas coutume, les élèves du secondaire II (collège, école de commerce, école de culture générale) reprendront les cours avant ceux de l’école obligatoire. Pour eux, la rentrée scolaire, c’est lundi déjà. Idem pour les écoliers des communes proches du canton de Berne, comme Chiètres ou Fräschels. Pour tous les autres, les vacances durent encore jusqu’à mercredi soir.
En tout, l’école fribourgeoise accueille cette année 46’600 élèves, soit seulement 79 de plus que l’an passé. Et, tous degrés confondus, il y aura 19,1 élèves par classe, presque autant que lors du dernier exercice. Les effectifs restent donc stables. En revanche, les enseignants pourraient venir à manquer à l’école primaire, et dans une moindre mesure au secondaire I. «Nous sommes aujourd’hui à flux tendu», confirme Hugo Stern, chef du Service de l’enseignement obligatoire de langue française.
Un problème structurel
Même si, selon les chiffres présentés ce vendredi après-midi lors de la traditionnelle conférence de presse de la rentrée scolaire, tous les postes mis au concours cette année ont pu être pourvus. Pour l’école primaire, cela représente 330 postes (dont 91 dans la partie alémanique), contre 287 l’année passée. «Il faut toutefois relativiser ces chiffres, car seulement 20% de ces postes sont à plein temps», note Hugo Stern.
« Il n’y a pas de démotivation des jeunes par rapport à une carrière dans l’enseignement »
Jean-Pierre Siggen
Mais «une aggravation est prévisible», estime la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS). Le conseiller d’Etat Jean-Pierre Siggen observe: «Il n’y a pas de démotivation des jeunes par rapport à une carrière dans l’enseignement. Le problème est structurel.» Il évoque plusieurs facteurs, comme le fait que la génération des baby-boomers atteint l’âge de la retraite ou la forte croissance démographique dans le canton de Fribourg. «Même si, statistiquement, il y a un léger tassement. Mais ça devrait repartir à la hausse», souligne le démocrate-chrétien. Les besoins en personnel formé ont aussi augmenté. D’une part avec l’introduction il y a quelques années de la deuxième année d’école enfantine. D’autre part avec la création de la fonction de responsable d’établissement qui a dirigé des enseignants vers des postes administratifs.
Surtout, l’assainissement de la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat de Fribourg, synonyme de baisses de rentes, pourrait pousser de nombreux fonctionnaires vers une retraite anticipée. «Cela génère une certaine inquiétude au sein du personnel, et c’est compréhensible», admet Jean-Pierre Siggen. Cette année, l’école primaire a ainsi enregistré un tiers de départs à la retraite supplémentaires par rapport à 2018, ce qui représente environ 20 équivalents plein-temps (EPT) de plus.
Un report en septembre
A l’heure actuelle, il est prévu que la restructuration de la caisse de pension soit effective dès janvier 2021. Mais le ministre de l’Instruction publique plaide pour un report au mois de septembre de cette même année, histoire de donner un peu de mou aux enseignants, qui ne peuvent en principe démissionner qu’à la fin de l’année scolaire.
Pour éviter la pénurie, d’autres solutions sont envisagées. Comme former davantage d’étudiants à la Haute Ecole pédagogique (HEP) de Fribourg. Des détails devraient être donnés prochainement à ce sujet. «De plus, nous avons durci les possibilités de prendre des congés non payés. Dorénavant, ça ne peut se faire que pour de longues périodes», ajoute Jean-Pierre Siggen.
Et le canton de Fribourg a récemment mis en place une plateforme électronique afin de faciliter la tâche des directions d’établissements lors du recrutement de remplaçants de courte ou de longue durée. «C’est un grand succès, qui facilite vraiment la vie», salue Andreas Maag, chef du Service de l’enseignement obligatoire de langue allemande. Depuis la mi-juin, plus de 820 remplaçants se sont inscrits et une huitantaine d’annonces a été publiée. Plus des deux tiers des places ont trouvé preneur. Malgré tout, la pénurie guette.
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